L’information, première victime en temps de guerre… économique, sanitaire, écologique, etc. !

Le 06/09/2022 0

Article du 6 septembre 2022

 

Une presse vivante, active, critique, libre est un rouage essentiel dans nos démocraties. Les citoyens ne peuvent se prononcer sur différents sujets que s’ils sont en connaissance de cause. Pendant longtemps, on a ramené la liberté de la presse à l’absence de censure, à la possibilité de s’exprimer, de se faire entendre.

Dans nos démocraties occidentales qui ne sont guère, vu la puissance des intérêts financiers, que des démocraties formelles, la problématique a changé : elle est aujourd’hui la possibilité d’accéder à des informations plurielles, assurant un minimum de pluralité des points de vue face à une lecture du monde qui tend à se faire unique. Car la réalité n’est pas en blanc ou noir. Elle est en nuances de gris ou de rose selon que l’on est pessimiste ou optimiste. On devrait s'inquiéter, voire s'offusquer que, dès le début du conflit ukrainien, Macron ait interdit de diffusion en France les chaines Sputnik et Russia Today : il faut croire que cette interdiction fait progresser le pluralisme, parce que nos médias n'ont pensé qu'à applaudir cette mesure. Des journaux favorables à la censure de médias entiers : il faut croire que la désinformation n'est que le fait de l'ennemi ? On va voir ici que nos médias acceptent tranquillement de faire non de de l'information mais bel et bien de la propagande en diffusant de fausses nouvelles. Faudrait-il les interdire ? J'hésite à répondre oui, mais c'est seulement parce que je suis amoureux inconditionnel de la liberté.

En matière de médias, l’opinion publique est construite en premier lieu par la télévision et ses chaines d’information, ensuite par la radio et la presse écrite, celle-ci essentiellement sous la forme d’articles lus en ligne, et sélectionnés par l’agrégateur de contenus Google actualités.

Le premier problème que je veux aborder est le fait que les médias mainstream ne se contentent plus de créer l’opinion. Cela, c’était le Monde d’Avant. Dans le Monde d’Aujourd’hui, qui est en fait le monde de l’Après Covid (cette crise ayant joué un rôle d’accélérateur du processus), les médias mainstream ont une nouvelle fonction, celle de dire LA Réalité, LE Vrai. Cette fonction auto-attribuée date d’une dizaine d’années et a commencé avec les exercices de fact checking censés démêler dans les discours d’un homme politique, où était le Vrai et où était le Faux. Ce genre de rubrique a fleuri pendant le Covid, à la recherche des informations « complotistes ». Mais les fact checkings sont toujours allés dans le même sens : repousser toute information n’entrant pas dans le narratif gouvernemental et dans les intérêts de l’industrie pharmaceutique, toute nouvelle remettant en cause l’efficacité des vaccins, leur opportunité, etc.  Il y avait pourtant de quoi faire des exercices de vérification sur des affirmations péremptoires du type « Jamais on n’a eu autant de recul sur un vaccin », « Le vaccin empêche toute transmission », « Vacciné, on ne peut contracter la maladie » et même « Les hôpitaux n’accueillent que des non-vaccinés ». Mais non, jamais ce genre de vérification n’a été publié.

Voici trois exemples que je trouve particulièrement inquiétants.

Vous connaissez le dessin de Magritte ?

Une image contenant texte, objets métalliques, casserole

Description générée automatiquement

Magritte va nous donner le ton de cette livraison…

Cas numéro 1 : « Ceci n’est pas une cheminée, ceci est un missile »

Il s’agit d’un reportage de France au JT du soir, lundi 22 août 2022. France 2 diffusait un reportage sur les bombardements russes à quelques mètres de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia. Dans les premières secondes de ce dernier, la voix off présente “un missile planté dans le toit” d’un bâtiment.

 

Sauf que le dit missile était en réalité une cheminée abimée.

France 2 doit bien le reconnaître après que des téléspectateurs ont réagi.

La rédaction a expliqué l'origine de cette confusion. "Le 10 août, nous avons diffusé dans le 20 heures un sujet sur les frappes contre la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine. Ce sujet a été notamment réalisé à partir d’images issues de l'APTN, agence à laquelle France Télévisions est abonnée", explique la chaîne dans un premier tweet. "Ces images montrent les dégâts engendrés par une de ces frappes. Elles étaient accompagnées d'un texte descriptif. Par erreur, l’une d’entre elles a été mal interprétée. Elle montre une cheminée endommagée, et non un missile, comme dit dans le commentaire", poursuit-elle. "Nous nous excusons auprès de nos téléspectateurs pour cette fâcheuse erreur, qui ne change cependant rien à la réalité de ces frappes dont nous avons montré d’autres images", prévient-elle cependant. (https://www.programme-tv.net/news/tv/308028-la-redaction-de-france-2-presente-ses-excuses-apres-une-facheuse-erreur-dans-un-reportage-dedie-a-lukraine-video/)

Ce n’est pas bien grave me direz-vous. France 2 a fait un reportage bidonné. On réutilise des images tournées en fait par une agence russe, on met une voix off qui a été enregistrée à Paris et on fait semblant d’avoir vu soi-même de quoi on parlait. Du bidonnage à l’ancienne, ou simplement de l’incompétence, reconnue au demeurant.

Admettons qu'on soit encore là dans du mauvais journalisme à l’ancienne.

Cas numéro 2 : « Ceci n’est pas un salut nazi, c’est un salut amical »

Maryse Burgot franchit un pas supplémentaire. Elle veut montrer les enfances brisées…

Une image contenant texte

Description générée automatiquement

Hélas, le début de son reportage, qui a dû être monté par des stagiaires de 3e, laisse entrevoir en arrière-plan deux fillettes qui font le salut nazi. Des enfants endoctrinés, voilà qui cadre mal avec le narratif de la spontanéité nationaliste des chères têtes blondes.

 

Des spectateurs s’en émeuvent et le signalent. France 2 va juste nier la réalité.

Une image contenant texte

Description générée automatiquement

On a franchi un pas de plus. France 2 nous dit « Vous croyez avoir vu des choses ? Eh bien, non vous ne les avez pas vues, puisque nous journalistes, nous vous disons que la réalité est autre ». « La Guerre, c’est la Paix », dans le monde orwellien…

Hélas pour France 2, il suffit de regarder la suite du reportage pour voir que le petit garçon du premier plan en uniforme (depuis quand les enfants ont des uniformes à leur taille, avec imitation de petit gilet pare-balles ? Dans quel monde ?) porte sur le devant de l’épaule gauche un insigne rouge et noir de la milice Kharkiv, néo-nazie. Plus loin dans le reportage, une mère interrogée se trouve devant un drapeau rouge et noir de la même mouvance. Mais non… pas de néo-nazis en Ukraine, juste des patriotes. Il faut rester dans le narratif à tout prix, celui des « enfances brisées », pas des « enfances endoctrinées ». Et pour cela, il faut nous convaincre que nous n’avons pas vu ce que nous avons vu.

Cas numéro 3 : « L’ordre règne à Paris »

Les plus anciens se souviendront du titre de l’agence TASS qui annonçait « L’ordre règne à Varsovie » : on parlait alors de « normalisation » et on critiquait Moscou, à juste titre…

C’est LCI qui décroche cette fois l’Oscar de la Vérité alternative.

Regardez ce reportage du lundi 5 septembre. On y dit que la télévision russe, dans son effort de propagande, a inventé des manifestations, notamment une manifestation nommée Résistance, le samedi 3 septembre, contre les sanctions et contre Macron. On y montre ensuite le reportage russe et les images de la manifestation.

A la suite, notre bon journaliste français, qui a de la déontologie, de conclure : « Et y a pas eu de manifestation ce week end, ce n’est pas du tout vrai », « on est en pleine propagande russe pour le peuple russe ». Puis il passe la parole à une « experte » sans doute, Magali Barthez, qui renchérit. Elle parle de « détournement des images » avec des sous-titres ad hoc sans rapport, destinés à alimenter le narratif poutinien sur l’Europe qui souffrirait…

Où est le problème ? Il est tout simple. Le 3 septembre 2022, F. Philippot avait bel et bien appelé à une manifestation contre les sanctions, appelée effectivement Résistance, à Paris devant le Conseil d’Etat. Elle s’est bel et bien tenue. Les images de la télévision russe sont bien celles que l’on trouve sur You Tube pour cet événement.

Et le même jour, comme si cela ne suffisait pas, il y avait non pas une mais trois autres manifestations de gilets jaunes qui se tenaient sur des thèmes similaires.

https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/cartes-manifestations-des-gilets-jaunes-a-paris-les-parcours_53533973.html

Comment le « journaliste » de LCI peut-il benoitement dire qu’il n’y a pas eu de manifestation à Paris ce week end ? Comment M. Barthez peut-elle dire que des images sont détournées avec de faux sous-titres alors que ce sont les images exactes de la manifestation ? Sur le plateau, les experts parisiens présents sont tous parties prenantes de la mascarade, payés sans doute. Personne ne parle des 4 manifestations qui se sont déroulées à Paris le samedi. Pendant ce temps, 34 piscines publiques en France ont déjà fermé leurs portes, faute de pouvoir payer les factures, des entreprises annoncent devoir arrêter leur production, les coûts d’ouverture des hôpitaux vont exploser, c’est déjà annoncé. La station de ski de Villard de Lans annonce ne pas pouvoir ouvrir cet hiver : combien de personnes au chômage ? Mais « Tout va très bien, Mme la Marquise »…

On franchit là un cap jamais vu à ma connaissance dans la propagande en France. Le journaliste dit « ceci est de la propagande », alors que c’est exactement ce que lui est en train de faire en baptisant propagande russe ce qui est une information vérifiable. Le blanc devient noir. Pour les médias mainstream, ces manifestations n’ont pas eu lieu. Donc elles n’existent pas. Fin du débat.

PS dans cette affaire :  le journaliste vient de reconnaître une erreur. Une erreur ? Mais il a préparé son émission, supervisé le reportage, constuit son argumentaire. Pour solde de tous comptes, la chaine s'excuse... https://www.lefigaro.fr/actualite-france/guerre-en-ukraine-lci-s-excuse-apres-avoir-nie-a-tort-l-existence-d-une-manifestation-de-florian-philippot-20220906. Quand des centaines de milliers de personnes peuvent savoir que ce qui est dit est faux, que des images circulent sur les réseaux, la chaine est obligée de revoir sa copie. Mais pour tout ce qu'elle peut raconter et qui n'est pas vérifiable aussi aisément, comment continuer à lui faire confiance ?

Une image contenant texte

Description générée automatiquement

Pourquoi France 2 et LCI traitent-ils l’information de la sorte ? LCI est une chaine privée, groupe TF1. Elle est aux mains de capitalistes qui, pour des raisons qu’il faudrait analyser ailleurs, ont intérêt à l’appauvrissement des peuples européens auquel conduisent à très court terme les sanctions contreproductives. France 2 est une chaine publique. Son indépendance est faible. Le Pouvoir a décidé de contrôler de manière très étroite les médias.

Il entend par exemple mettre l’audiovisuel extérieur français (Radio France international, France 24) au service de son propre narratif. La réaction des sociétés de journalistes ne s’est pas faite attendre :

Une image contenant texte

Description générée automatiquement

On voit ici des journalistes qui tentent de résister. C’est un signe encore positif : le malade bouge encore. Pour combien de temps ? France 2 a depuis longtemps abdiqué.

Un pas de plus dans la la fin de la liberté de la presse a été franchi par France inter, sur un autre sujet. La radio publique a décidé que le réchauffement climatique d’origine humaine ne serait plus objet de débat sur ses antennes. Elle a publié un manifeste en ce sens.

https://www.radiofrance.com/le-tournant

Une image contenant texte

Description générée automatiquement

Entendons-nous : je ne discute pas de la réalité du phénomène, je ne suis pas climato-sceptique, j’ai vu trop de glaciers fondre cet été pour ne pas être convaincu. Je m’inquiète juste qu’un média prenne ce genre de tournant. Qu’il puisse décider d’extraire une réalité de la sphère du nécessaire débat démocratique. Sur le thème du réchauffement, tout n’est pas indiscutable : sur les constats, les explications, les solutions tout n'est pas encore connu. Où vont-ils mettre le curseur de l’acceptable et de l’inacceptable ? Qui décidera ? Sur quelles bases ? La censure est en marche, au cœur même des groupes de presse. Le  nécessaire pluralisme est évacué.

Demain, quel autre tournant sera affiché par France Inter ? Quel autre manifeste publié ? L’efficacité du vaccin contre le Covid ne se discute pas, non plus que la nécessité d’un rappel tous les trois mois  ? La baisse des cotisations sociales crée indéniablement de l’emploi ? L'allongement de la durée de cotisation de retraite est hors du débat ? Les sanctions contre la Russie sont la seule option, cela ne se discute pas ? Vers quel monde ce genre d’alignement nous entraîne-t-il ?

Remarquez, c'est déjà très exactement ce qu'ont fait pendant la crise Covid les principaux médias sociaux, Twitter ou Facebook, en suspendant les comptes de ceux de leurs abonnés qui osaient diffuser des contenus non confirmes à la doxa de l'époque : pas de traitement possible, des vaccins efficaces, pas d'effet secondaire. C'était parait-il au nom de la Vérité scientifique... mais il faut croire que ce devait être celle du moment, car trois mois après la réalité avait démenti ces disours de propagande. Mais le mal était fait : on s'était habitué à voir des diffuseurs de  contenus, des tubes, se prononcer sur la véracité des dits contenus sans avoir aucune expertise en la matière. Censure.

Le journalisme n’a rien à faire avec l’esprit de corps qui ne veut voir qu’une tête. Ceci est l’affaire des militaires en temps de guerre. Il faut croire qu’on est en guerre et que ces « journalistes »-là acceptent de marcher au pas sur des musiques que d’autres jouent.

Ajouter un commentaire

Anti-spam