A l’occasion de sa dernière allocution du 12 juillet dernier relative à la situation sanitaire et à la progression du variant Delta, le Président de la République a exprimé sa volonté d’accélérer la vaccination contre la COVID-19 et annoncé une extension du Pass sanitaire. Cette mesure impacte largement, et dès à présent, toutes nos pratiques sportives (vie des clubs, stages, opérations de rentrée, compétitions, accès aux centres d’entraînement pour nos jeunes et leurs entraîneurs, et aux lieux de travail,…) et l’ensemble de notre écosystème tennistique.
Nous souhaitons mettre tout en œuvre pour, ensemble, préserver la pratique de nos sports et de nos compétitions tout en protégeant au mieux la santé de chacun.
A partir de quand le Pass sanitaire sera requis ? Quels sont les lieux et les personnes concernés ?
→ A partir du mercredi 21 juillet (décret publié le 20 juillet) : le Pass sanitaire est requis pour entrer, circuler et jouer dans tous les espaces intérieurs des clubs, sur les courts couverts et dans les équipements extérieurs. Ce principe s’applique dès que la capacité d’accueil est supérieure à 50 personnes (même si, à l’instant T, le nombre de personnes présentes est inférieur à 50).
→ Dès la promulgation de la loi (estimée au 1er août) : le Pass sanitaire est requis dans tous les clubs et structures habilitées que ce soient les espaces intérieurs et extérieurs (incluant les espaces de bars et restauration), quel que soit leur capacité d’accueil.
Quelles sont les personnes concernées ?
A partir du 21 juillet : toutes les personnes de 18 ans et plus, qu’elles soient joueur, spectateur, accompagnateur, arbitre, à l’exception des salariés et assimilés (personnes indispensables au bon fonctionnement du club au quotidien, en particulier les bénévoles "dirigeants", "encadrants" ou dédiés à l’organisation des tournois).
Fin août : toutes les personnes de 18 ans et plus, intégrant les salariés et assimilés.
Fin septembre : toutes les personnes de 12 ans et plus, sans aucune exception.
Voilà. La pratique du sport est importante en termes de santé publique, on le sait assez. « Manger, bouger », on a encore en mémoire les slogans publicitaires... Mais le Covid prime. Les enfants pourront bouger mais sur leur canapé, et en mangeant des chips. Les clubs amateurs vont mourir rapidement. Les éducateurs sportifs se reconvertir. On va perdre beaucoup, en termes de vie sociale, de cohésion, de tissu, de vie tout simplement.
https://www.charentelibre.fr/2021/07/22/sports-collectifs-le-pass-sanitaire-sera-obligatoire-pour-tous-un-immense-casse-tete-pour-les-clubs,3774360.php
Au-delà du réel problème de santé publique posé par cet accès au sport, la France tourne le dos à la Convention internationale des droits de l’enfant. https://www.unicef.fr/sites/default/files/convention-des-droits-de-lenfant.pdf
Article 24
1 l Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation. Ils s’efforcent de garantir qu’aucun enfant ne soit privé du droit d’avoir accès à ces services.
A partir de septembre, les enfants ne présentant pas de passe sanitaire ne pourront pas aller à l’hôpital, hors urgence. C’est ainsi. Faut-il ne pas être vacciné pour combattre cette mesure ?
Article 3
1 l Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique.
2 l Les États parties respectent et favorisent le droit de l’enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique, et encouragent l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité.
A partir de septembre, plus aucune activité sportive pour les adultes et les enfants sans ce sésame. Plus de participation libre à la vie culturelle et artistique. Plus libre car soumise à une condition qui n’existait pas auparavant. Il faudra montrer pass vert. Ou passer son chemin.
Devoir justifier de son état de santé pour faire du sport serait déjà sans précédent. Mais cela va au-delà : ce n’est pas d’un état de santé qu’il faudra justifier car on peut tout à fait avoir un passe sanitaire vert et pourtant avoir le Covid (c’est malheureux, mais cela arrive…) – de même qu’on peut être en parfaite santé sans ce passe - mais bien de sa soumission à un dispositif coercitif.
On en arrive presque dans ses conditions à remercier le Sénat d’être légèrement revenu en arrière sur le licenciement pour motif personnel. Quel soulagement. On sera juste privé de salaire. Mais sur les CV des demandeurs d’emploi à partir d’août, il faudra vraisemblablement si l’on veut retenir l’attention, à côté de ses diplômes, rajouter une ligne : « Passe sanitaire valide ». Une donnée de santé pour trouver un emploi. C’est le monde d’après.
Du monde d’après au Monde d’après…
Il y a quelques jours, je partageais un article de Mucchieli sur la presse en France aux temps du Covid. Et après les manifestations de samedi, je lis cet « article » dans Le Monde, de Marc Beaugé. Je me dois de vous dire qui il est, j’ai cherché. « Marc Beaugé, 27 ans, est journaliste à France Football depuis 3 ans. Il collabore à plusieurs autres magazines, parmi lesquels Technikart, GQ ou Standard, pour lesquels il écrit à la fois sur la musique et la mode. Il y a quelques années, il participa également au lancement du magazine Sofoot. »
Et donc l’article est à lire ici, et il en a signé beaucoup d’autres :
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/07/24/la-manifestation-contre-le-passe-sanitaire-c-est-peut-etre-un-detail-pour-vous_6089390_4500055.html
Ce texte est un portrait charge sans nuance qui discrédite d’emblée les manifestants en les rangeant tous sous la bannière de l’extrême-droite.
« Le samedi 17 juillet, les opposants au passe sanitaire défilaient dans les rues de Paris. Le cortège a réuni du beau linge, notamment des figures de l’extrême droite et de la droite souverainiste. Jugez plutôt. »
Je passe les fleurs stylistiques malodorantes des débuts de l’article, pour en arriver à ce qui m’interroge réellement. Le non-sens total de cet article. Littéralement. Sur deux passages particulièrement, je ne comprends rien. « Jugez plutôt » comme il écrit lui-même…
Premier passage
« Orange stylistique
A côté du badge de Florian Philippot, autre coquetterie, autre mise en scène. Dans la poche poitrine de sa veste, celui-ci a en effet planqué une pochette à la couleur de son parti, à moins qu’il ne s’agisse d’une cravate en grenadine de soie hâtivement repliée sur elle-même. Quoi qu’il en soit, cet élément de stylistique nous permet de poser une question importante dans le contexte : peut-on dénoncer la privation des libertés et le totalitarisme de l’Etat quand, dans le même temps, on peut sortir ainsi accoutré en toute impunité et légalité ? Chacun répondra en son âme et conscience. »
J’avoue ne pas voir du tout où est le problème de fonctionnement démocratique. J’ai beau lire et relire, je ne comprends pas. Que veut-il que je réponde « en mon âme et conscience » à un non-problème, celui de la pochette orange de Philippot, l’orange étant la couleur de son parti ? Or, c’est visiblement une « question importante » pour Beaugé : celle de cet « accoutrement » porté « en toute impunité et légalité ». Non, mais, sérieusement… C’est quoi le problème ? Porter une pochette orange est-il illégal dans la France du Covid ? Cela mériterait-il punition, intervention des forces de l’ordre ? « Jugez plutôt » en observant la photo.
Intolérable, non ? :)
Le deuxième passage est tout aussi mystérieux pour moi, n’hésitez pas à m’éclairer si vous comprenez :
« Rouge blanc bleu
Nicolas Dupont-Aignan aussi avait sorti les breloques. En l’occurrence, cette écharpe tricolore symbolise précisément son statut de parlementaire. Un détail fait toute la différence. Comme sa collègue Martine Wonner, le député porte en effet son écharpe de telle façon que le rouge soit le plus près de son visage, alors que les maires doivent légalement porter leur écharpe dans le sens inverse, le bleu vers le haut… Dans la vie, cette information n’a aucun intérêt. Au Trivial Pursuit, elle peut s’avérer capitale. »
Le rouge vers le haut donc… comme demandé par le Ministère de l’Intérieur.
Dupont-Aignan et Wonner se plient aux usages parlementaires en portant ce que Beaugé appelle de manière bien irrespectueuse pour la République « les breloques ». Où est le problème ? Ni lui ni elles ne sont maires de communes. Ils sont bien là en tant que parlementaires. Où est le mal ? Depuis toujours, des élus défilent en qualités d’élus, de tous bords.
Ce texte est proprement un non-sens. Ou alors, je ne sais plus lire. Il faut m’expliquer. Merci de m’aider, j’ai beau lire et relire, je ne vois pas le problème.
La fin est magnifique d’amalgame. Je la livre sans commentaire :
« Passage piéton
Surplombant notre brochette, un bonhomme rouge semble observer la scène avec consternation, les bras ballants, l’air abattu. Profitons de l’occasion pour rappeler que c’est en 1962 que les feux piétons tricolores firent leur apparition en France et que ceux-ci, jugés trop coûteux, trop intrusifs, parfaitement inutiles surtout, firent d’abord l’objet de nombreuses critiques, avant de s’imposer tranquillement dans le paysage en prouvant leur utilité et en sauvant quelques vies au passage… Tiens, tiens. »
« Mais pourquoi donc, Bruno, tu t’acharnes sur ce malheureux texte ? Tu n’as vraiment rien de mieux à faire ? » Je vous entends me dire cela. « Ce texte n’a aucune importance. Vraiment. Le Monde dans sa partie magazine… » En soi, c’est vrai qu’il est effectivement insignifiant. Mais publié dans le Monde, il est le symptôme d’une presse qui a perdu tout sens de son travail, de sa déontologie, de ses exigences minimales et qui publie n’importe quoi pourvu que cela aille dans le sens du poil. Pourvu que cela participe du fonctionnement démagogique qui est à l’opposé du débat démocratique. Pourvu que cela fasse écho à tous les discours démesurés qui se déversent à flots continus à la télé, pleins d’amalgames, et qui montent les Français les uns contre les autres. Diviser pour mieux régner. Accuser. L’exemple vient du sommet de l’Etat, les médias font caisse de résonnance.
Il fut un temps où le Monde était qualifié de journal de référence. J’y étais abonné. J’étais licencié dans un club de tennis également, sans discontinuer depuis… !!!! C’était le monde d’avant.