La chasse aux sorcières contre LFI : anatomie d'une diabolisation orchestrée

Le 07/12/2025 0

Article du 7 décembre 2025

Le mercredi 3 décembre 2025, Laurent Wauquiez a franchi un cap historique. Invité sur TF1, le président des députés Les Républicains a annoncé sans détour sa consigne pour les municipales de mars 2026 : "Nous appellerons à voter tout sauf LFI. Cela veut dire voter blanc, ça veut dire voter pour ceux qui sont en face, quel que soit le parti. Tout sauf LFI, je ne peux pas être plus clair."

 

https://actu.orange.fr/france/municipales-2026-laurent-wauquiez-appelle-a-voter-tout-sauf-lfi-magic-CNT000002m14Dm.html

Traduisons : pour LR, il vaut mieux voter RN que LFI. Pour les héritiers du gaullisme, il est préférable de donner sa voix au parti de Marine Le Pen plutôt qu'à La France insoumise.

Cette déclaration marque l'aboutissement d'une stratégie de diabolisation sans précédent. Pour justifier cette alliance contre nature entre une droite qui se disait républicaine et le parti lepéniste héritier de l'OAS et du collaborationnisme vichyste, il fallait préalablement désigner un ennemi absolu. Il fallait faire de LFI non pas un adversaire politique, mais un danger existentiel pour la République. Il fallait la placer hors du jeu démocratique.

Cette opération de délégitimation s'est construite méthodiquement, en trois temps.

Premier temps : LFI n'est pas républicaine

Le terrain a d'abord été préparé par une accusation générale : LFI aurait abandonné les valeurs républicaines, et notamment la laïcité. Cette rhétorique permet de placer le parti de Jean-Luc Mélenchon en dehors de l'arc républicain, rendant ainsi acceptable l'alliance avec le RN, soudainement devenu "défenseur de la République". Gabriel Attal premier ministre avait convoqué en son temps les forces de l’arc républicain : dans un courrier aux groupes parlementaires, il s'adressait "aux forces politiques allant de la gauche républicaine à la droite républicaine", excluant explicitement LFI. Darmanin en juillet 2024 déclarait. : « Il est hors de question de gouverner ou de soutenir une coalition qui aurait un lien quelconque avec La France insoumise ».

La logique est simple : si LFI n'est plus républicaine, alors le front républicain ne s'applique plus contre l'extrême droite, mais contre l'extrême gauche. Un renversement complet des valeurs qui ont structuré la vie politique française depuis l'après-guerre.

Pourtant, interrogé sur le sujet pour des questions électorales, le 11 mars 2024, avant les sénatoriales, le Conseil d'État a classé LFI dans la catégorie "gauche" et non "extrême gauche", constatant qu'"il n'y a aussi aucune contestation chez LFI des valeurs républicaines". Cela n’empêche pas les journalistes moutons de ne parler de LFI que comme un parti d’extrême-gauche !

Deuxième temps : LFI est antisémite

L'accusation d'antisémitisme constitue le deuxième pilier de cette stratégie de délégitimation. Et pour cause : dans l'imaginaire collectif français post-Shoah, l'antisémitisme représente le péché capital, l'impensable, ce qui place immédiatement hors de l'humanité politique.

Les accusations reposent essentiellement sur la critique par LFI de la politique coloniale d'Israël à Gaza et sur le soutien du parti à la cause palestinienne. Qu'importe si Jean-Luc Mélenchon lui-même affirme que "l'antisémitisme est une réalité à combattre" - la simple contestation des actions du gouvernement israélien suffit à être taxé d'antisémitisme. https://www.cnews.fr/france/2025-12-06/lantisemitisme-est-une-realite-combattre-affirme-jean-luc-melenchon-1781515 

Cette stratégie de confusion volontaire entre antisionisme et antisémitisme vise à interdire tout débat sur la politique israélienne. Plus grave encore : elle instrumentalise la mémoire de la Shoah et la lutte contre l'antisémitisme réel à des fins de règlement de comptes politiques intérieurs.

L'effet recherché est clair : répéter, marteler, rabâcher l'accusation jusqu'à ce qu'elle devienne une évidence médiatique. Peu importe la réalité des faits, peu importe les démentis. Dans une société du spectacle permanent, c'est la répétition qui fait la vérité.

1. Troisième temps : la commission parlementaire, ou l'accusation institutionnalisée

On en vient au cœur de notre article du jour.

Le point d'orgue de cette campagne de diabolisation arrive avec la création d'une commission d'enquête parlementaire sur "les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste". Cette commission, voulue par Laurent Wauquiez dans le cadre du droit de tirage de son groupe, a connu un parcours particulièrement révélateur.

Première tentative, juin 2025 : la proposition est jugée irrecevable par la commission des lois. La raison ? L'exposé des motifs mentionnait sept fois LFI, "aucun autre n'est évoqué", comme l'a souligné la rapporteure Léa Balage El Mariky. Le texte ciblait ouvertement un parti unique, ce qui est contraire aux règles parlementaires.

Deuxième tentative, juin 2025 : Wauquiez soumet une version "toilettée" où les mentions explicites de LFI sont remplacées par des "formules plus générales". Mais comme l'a noté le rapporteur Pouria Amirshahi : "les allusions restent transparentes et permettent toujours d'identifier un parti et des parlementaires". Cette fois, le texte passe, validé notamment par les voix Renaissance.

Une composition scandaleuse

La mise en place de la commission révèle encore plus clairement son caractère de mascarade. Le bureau de la commission (président, vice-présidents, secrétaires) ne comprend aucun député issu de groupes de gauche, alors que le règlement de l'Assemblée dispose que ces nominations doivent "s'efforcer de reproduire la configuration politique de l'Assemblée".

Lorsque Aymeric Caron (LFI) se présente comme seul candidat à la présidence, Laurent Wauquiez fait reporter l'élection à deux reprises pour éviter qu'un Insoumis ne préside la commission censée enquêter sur... les Insoumis. Finalement, c'est Xavier Breton (LR) qui devient président, et Matthieu Bloch (UDR, le parti d'Éric Ciotti allié au RN) qui devient rapporteur. La socialiste Sophie Pantel, élue présidente par erreur, démissionne immédiatement en constatant que "le bureau d'enquête ne respecte pas la représentativité de toutes les sensibilités".

Les services de renseignement innocentent LFI

Le plus accablant pour les initiateurs de cette commission reste les auditions elles-mêmes. Car les professionnels de la sécurité ont contredit frontalement les accusations.

Hugues Bricq, directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris, auditionné par la commission, a été sans ambiguïté : "L'ultragauche était totalement absente lors des émeutes et des violences urbaines, et on ne la voit pas non plus quand il est question d'islamisme radical." Il a même ajouté que les liens problématiques se trouvaient ailleurs : "En revanche, une certaine frange de l'ultradroite négationniste se rapproche, par antisémitisme pur, de certains islamistes."

Lorsque le rapporteur Matthieu Bloch lui objecte que "des journalistes" ont affirmé l'existence de liens entre LFI et l'islamisme, Hugues Bricq répond : "Lorsque nous surveillons nos objectifs, qui sont des individus ou des groupes terroristes ou islamistes, nous ne faisons pas de lien avec des partis politiques ou des élus nationaux."

Nicolas Roche, secrétaire général du SGDSN (Secrétariat général de la Défense et la Sécurité nationale), interrogé sur les liens entre mouvances islamistes et mouvements politiques français, a répondu simplement : "Je n'ai aucune compétence sur le sujet."

Pascal Courtade, co-auteur du rapport sur l'entrisme des Frères musulmans, a déclaré devant la commission : "Il n'a pas été mis en évidence, à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l'islamisation à court ou moyen terme" en France.

Même le chercheur Laurent Bonnefoy (CERI de Sciences Po) a confié sa "réticence" à parler "d'influence islamiste sur les élus" en France, affirmant que "la place de l'islamisme en tant qu'interface avec des décideurs politiques, est minime : il n'y a ni élu ni parti islamiste".

L'audition de Mélenchon : la commission se retourne contre ses créateurs

Samedi 6 décembre 2025, Jean-Luc Mélenchon a été auditionné par la commission. Un extrait ici : https://www.facebook.com/share/v/17BVi3U4oM/

La totalité ici : https://www.youtube.com/watch?v=93uQjLuBQHQ

 

 

 

Puis-je dire que cela vaut la peine d'écouter son intervention ? Cela changera des caricatures qu'en font les journalistes et autres commentateurs payés pour rapporter la voix de leur maître. C'est assez mesuré, assez précis, loin des possibles caricatures et cela change du temps médiatique, qui est celui des racourcis. Si vous êtes dans des embouteillages, par exemple....

Dès l'ouverture, Mélenchon a mis les pieds dans le plat : "Votre commission a déjà produit les documents qui nous innocentent absolument. Tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu'il y a un lien entre nous et les islamistes. Ils disent même le contraire."

Il a développé longuement sa conception de la laïcité, "protectrice de la liberté du culte" et garantie par la loi de 1905. Il a appelé à distinguer "l'islam et l'islamisme" et "l'islamisme avec le terrorisme", tout en reconnaissant "l'existence d'une menace islamiste au milieu de bien d'autres".

Face aux accusations d'antisémitisme de la députée Renaissance Prisca Thévenot, il a exprimé son "agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance" : "Vous n'étiez pas née, j'étais en train d'aider des juifs à quitter l'URSS."

Sur les manifestations pro-palestiniennes où des islamistes auraient été aperçus, il a renvoyé la question au président de la commission, Xavier Breton, opposant notoire au mariage pour tous : personne ne lui avait cherché "querelle sur la présence d'islamistes dans les manifestations" anti-mariage gay à l'époque.

Une commission qui accouche... de rien

Après plus d'un mois et demi d'auditions, le constat est sans appel. Comme l'admet le rapporteur Matthieu Bloch lui-même : "À ce stade, rien ne démontre l'existence de liens structurels – et encore moins financiers – entre des partis politiques et des organisations islamistes." Même au RN, on est obligé de reconnaître l'échec : "Je crains qu'on n'apprenne rien de nouveau", soupire le député Jérôme Buisson.

Mais peu importe. Le but n'était pas de trouver des preuves. Le but était d'installer le soupçon, de créer l'atmosphère, de faire exister médiatiquement l'idée qu'il y aurait "quelque chose". Pendant des semaines, les chroniqueurs des télés de droite ont pu rabâcher le leitmotiv : "Il n'y a pas de fumée sans feu. Pourquoi y aurait-il une commission parlementaire si...?"

2. Le mécanisme de toutes les chasses aux sorcières

Ce raisonnement circulaire - on crée une commission pour enquêter sur des accusations non prouvées, puis l'existence de la commission devient elle-même la preuve qu'il y a bien quelque chose à trouver - constitue le principe même de toutes les chasses aux sorcières. C'est exactement le mécanisme qui a conduit au bûcher des femmes innocentes à Salem : on les accusait de sorcellerie, on créait des tribunaux pour les juger, et l'existence même de ces tribunaux prouvait qu'il y avait bien des sorcières. La logique est imparable... et totalitaire.

En politique française, cette méthode porte un nom : la diabolisation. Elle consiste à déclarer un adversaire non pas simplement dans l'erreur, mais hors du jeu démocratique. À le placer dans la catégorie des "ennemis" plutôt que des "adversaires". À rendre impossible tout débat rationnel en transformant la confrontation politique en guerre morale.

Cette campagne de diabolisation systématique de LFI ne tombe pas du ciel. Elle s'inscrit dans un contexte politique très précis.

  1. Le macronisme est mort

Le projet politique d'Emmanuel Macron, qui prétendait dépasser le clivage gauche-droite, s'est effondré. La dissolution ratée de juin 2024 a révélé l'impasse : sans majorité parlementaire, avec une popularité au plus bas, le macronisme n'est plus qu'un cadavre politique qui refuse de s'allonger. L’examen de sa politique montre que le macronisme n’était qu’un avatar des politiques libérales. Il faut changer d’avatar, trouver un nouveau visage acceptable ! Urgence !

La droite dite républicaine s'est fracturée depuis qu'Éric Ciotti a rejoint électoralement le RN. Pour reconstituer une force capable de gouverner et de préserver les intérêts du capital, il faut refaire une union des droites.

Cette union passe nécessairement par la normalisation du RN. Il faut transformer l'extrême droite lepéniste en partenaire fréquentable, alors qu'il y a seulement deux ans, le "front républicain" mobilisait encore contre elle et a sauvé de nombreux députés LR et macronistes.

Pour rendre acceptable cette alliance avec l'extrême droite, il faut inverser la hiérarchie des dangers. Il faut faire de LFI, et non plus du RN, la menace principale. D'où cette stratégie à trois étages : LFI n'est pas républicaine, LFI est antisémite, LFI est complice de l'islamisme terroriste.

Le RN, lui, devient soudain défenseur de la laïcité, rempart contre l'islamisme, protecteur de la République. Son antisémitisme historique se transforme miraculeusement en judéophilie. Israël mènerait pour nous un "combat de civilisation"... Critiquer sa politique coloniale, c'est être antisémite. La boucle est bouclée.

b. Un phénomène international

Cette stratégie de confusion et de diabolisation n'est pas propre à la France. On la voit à l'œuvre dans plusieurs pays.

En Italie, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens, Francesca Albanese, subit des attaques similaires. Le journal de droite Il Giornale l'accuse d'être l'alliée du Hamas, après avoir révélé qu'elle avait participé en 2022 à une conférence où étaient présents des représentants de ce mouvement.

Peu importe qu'Albanese affirme n'avoir pas su qui serait présent dans la salle lors de cette intervention en visioconférence. Peu importe que son travail documenté sur le terrain soit reconnu internationalement. L'accusation suffit. Elle est désormais présentée par la droite italienne comme "une idole de gauche qui hait Israël".

Les États-Unis eux-mêmes ont imposé des sanctions contre cette fonctionnaire de l'ONU, l'accusant "d'antisémitisme décomplexé" et de "soutien au terrorisme" parce qu'elle a documenté les violations du droit international à Gaza. Bien que la nature exacte n'ait pas été entièrement détaillée officiellement, les sanctions devraient consister à empêcher Francesca Albanese de se rendre aux États-Unis et à bloquer ses avoirs dans le pays. Marco Rubio a justifié ces sanctions en accusant Francesca Albanese de mener une "guerre juridique". Ces sanctions interviennent après qu'Albanese ait présenté en juillet 2025 un rapport au Conseil des droits de l'Homme étudiant "les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens". Cette décision constitue un précédent inquiétant, puisque de telles sanctions visent habituellement des criminels ou dirigeants de pays hostiles, non des experts indépendants de l'ONU.

L'autre exemple frappant vient de New York. Zohran Mamdani, jeune socialiste de 34 ans et premier maire musulman de la ville, a été élu en novembre 2025 avec plus de 50% des voix. Sa campagne portait sur des questions sociales : gel des loyers, gratuité des transports, crèches publiques, taxation des plus riches. Donald Trump l'a immédiatement qualifié de "petit communiste" et a mis en doute la légalité de son arrivée aux États-Unis, le menaçant d'expulsion. L'ex-maire républicain Rudolph Giuliani l'a décrit comme un "croisement d'extrémiste islamique et de communiste". La représentante républicaine Elise Stefanik le traite de "suppôt du terrorisme". Sur Fox News et les médias conservateurs français comme CNews, les chroniqueurs expliquent doctement que Mamdani "ressemble quand même à un islamiste". L'accusation ne repose sur rien d'autre que son origine (indien, musulman) et ses positions politiques (socialiste, critique d'Israël).

Ces trois exemples - LFI en France, Francesca Albanese en Italie, Zohran Mamdani aux États-Unis - révèlent une stratégie mondiale cohérente. Dans tous les cas, on assiste au même mécanisme :

  1. Un acteur politique de gauche critique la politique israélienne à Gaza
  2. Cette critique est immédiatement assimilée à de l'antisémitisme
  3. L'antisémitisme supposé est alors associé à l'islamisme
  4. L'islamisme est amalgamé au terrorisme
  5. La personne ou le parti devient donc "complice du terrorisme"

Cette chaîne d'équivalences fallacieuses permet de placer hors du débat démocratique n'importe quel opposant politique, sans avoir à discuter du fond de ses arguments.

Le confusionnisme volontaire - entre critique d'Israël et antisémitisme, entre islam et islamisme, entre islamisme et terrorisme - ne profite ni au débat politique, ni à la lutte contre l'antisémitisme réel, ni à la sécurité des populations.

Il profite uniquement à ceux qui veulent étouffer toute alternative politique de gauche et légitimer des alliances avec l'extrême droite. La droite s’apprête à mettre sans vergogne à la Présidence de la République un pur produit de la pire communication politique, une personne qui n’a ni fait d’études (ce qui en soi n’est pas un péché), ni travaillé (ce qui, ajouté au premier point, devient un peu plus gênant) mais qui devient soudain la figure du sauveur. Les médias nous le vendent comme tel, alors allons-y : « on ne pourra pas dire qu’on n’aura pas essayé, au moins ! ». Degré zéro de la pensée politique !

3. La liquidation du gaullisme

Avec cette commission puis avec sa stratégie du "tout sauf LFI", Laurent Wauquiez liquide les derniers restes du gaullisme historique. Le général de Gaulle, qui avait refusé toute alliance avec l'extrême droite poujadiste et pétainiste, doit se retourner dans sa tombe.

La droite républicaine joue un jeu dangereux en déclarant un parti français légal et représenté à l'Assemblée nationale hors du jeu politique. Cette diabolisation de la plus petite opposition possible (LFI représente la principale force de gauche radicale) est antidémocratique, fondamentalement.

Elle ouvre la porte à tous les excès. Car si l'on peut créer une commission parlementaire pour enquêter sur les "liens" d'un parti avec le terrorisme, sans aucune preuve, uniquement sur la base de soupçons et d'insinuations, alors on peut le faire contre n'importe quel parti.

La démocratie suppose que l'on puisse s'opposer politiquement tout en reconnaissant la légitimité de ses adversaires. Elle suppose le débat contradictoire, la confrontation d'arguments, la possibilité de convaincre et d'être convaincu.

La chasse aux sorcières suppose l'inverse : que certaines positions sont tellement dangereuses qu'elles ne peuvent même pas être discutées. Que certains acteurs sont tellement maléfiques qu'ils doivent être exclus. Que le débat doit laisser place à l'inquisition.

Conclusion : l'Histoire nous regarde

Les méthodes employées contre LFI - la répétition d'accusations non prouvées, la création d'instances d'enquête partiales, la confusion volontaire entre catégories distinctes, l'instrumentalisation de la lutte contre l'antisémitisme - sont celles de toutes les chasses aux sorcières. Ces méthodes portent en elles un danger mortel pour la démocratie. Car une fois qu'on a accepté qu'un parti puisse être diabolisé de cette manière, rien n'empêche de recommencer avec un autre.

L'histoire nous regarde. Elle nous rappelle que les démocraties ne meurent pas toujours dans le fracas des coups d'État. Elles meurent aussi lentement, par l'acceptation progressive de méthodes qui semblaient impensables quelques années plus tôt.

Quand une commission parlementaire peut être créée pour enquêter sur les "liens" imaginaires d'un parti avec le terrorisme, quand les services de renseignement eux-mêmes démentent ces accusations mais qu'elles continuent d'être martelées, quand le simple fait d'exister devient la preuve de la culpabilité... alors nous ne sommes plus très loin de Salem. La question n'est plus de savoir si l'on est d'accord ou non avec le programme de LFI. La question est de savoir si l'on accepte qu'un parti soit ainsi placé hors du jeu démocratique par une campagne de diabolisation systématique.

Car demain, ce pourrait être n'importe quel autre parti. Y compris le vôtre.

 

Bonus !

Extrait verbatim de l’audition de Hugues Bricq, directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris (https://linsoumission.fr/2025/11/21/lfi-bussigny-wauquiez-commission/) qui enterre toute la cabale...

 

M. Jérôme Buisson (RN) – « Des groupuscules d’extrême gauche ou d’autres, que vous surveillez, ont-ils des liens avec les islamistes ? »

M. Hugues Bricq – « Non, très peu, même si cela doit parfois leur traverser l’esprit. L’ultragauche essaye de manière récurrente d’embarquer les jeunes des quartiers, mais cela n’a jamais vraiment fonctionné.

L’ultragauche était totalement absente lors des émeutes et des violences urbaines, et on ne la voit pas non plus quand il est question d’islamisme radical.

En revanche, une certaine frange de l’ultradroite négationniste se rapproche, par antisémitisme pur, de certains islamistes ou référents religieux islamistes qui tiennent des propos antisémites, souvent hors nos frontières. »

M. Matthieu Bloch (DR), rapporteur – « Contrairement aux constats que vous venez de faire, Mme Nora Bussigny et MM. Youssef Souleimane et Emmanuel Razavi nous ont dit, lors de leur audition, qu’il existait des liens étroits, extrêmement dangereux, entre des organisations islamistes et certains partis politiques en France. Souvent, la révélation de ces liens a lieu lors des grandes manifestations parisiennes organisées en soutien à la Palestine. Lors de ces manifestations, des élus apparaissent auprès de ces associations, quelquefois même des parlementaires prennent la parole, soutenant plus ou moins les propos tenus. Nous sommes donc quelque peu surpris de vous entendre dire qu’il n’y a aucun lien entre cette mouvance et des élus. »

M. Hugues Bricq – « Lorsque nous surveillons nos objectifs, qui sont des individus ou des groupes terroristes ou islamistes, nous ne faisons pas de lien avec des partis politiques ou des élus nationaux ou locaux dans ce que l’on pourrait identifier comme une collusion sur des projets terroristes ou islamistes. Mais j’ai connaissance des recherches, ouvrages et articles de certains auteurs… qui se placent eux-mêmes dans une sphère politique en écrivant ce qu’ils écrivent.

Nos missions sont définies et circonscrites et c’est grâce à la surveillance que nous exerçons, notamment avec des techniques intrusives, sur nos propres objectifs que je peux vous le dire : il n’existe pas de liens documentés entre les objectifs que nous suivons et des élus ou des partis. »

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