L’idée de départ de ce livre m’a été donnée par la gestion de la crise COVID, et la manière dont quotidiennement les médias ont mis en musique une symphonie de la peur, basée sur des images, des chiffres, des discours qui pouvaient s’entendre, peut-être au tout début, quand on nous disait qu’on ne savait rien, mais qui avaient de plus en plus de mal à passer, au fur et à mesure qu’on s’apercevait que cette maladie tuait moins que prévu. Mais peu importe, le sentiment de peur avait été imprimé dans la population et cela a permis au pouvoir de prendre des mesures radicalement nouvelles en ce qu’elles rentraient au cœur de nos vies privées. J’en ai tiré en premier ouvrage, le COVID en ses discours, que vous pouvez télécharger gratuitement ici : https://eac.ac/books/9782813004895
Depuis, ma réflexion a évolué, s’est élargie, et j’analyse les mécanismes du gouvernementalité par la peur que je vois également à l’œuvre dans la gestion de la crise Russie et dans la question de la crise climatique, envisagés sous la question des gaz à effet de serre.
C’est de ce dernier point que je vais parler aujourd’hui.
1. Mon positionnement sur le climat ? Un positionnement citoyen
Je vais tout de suite situer mon positionnement par rapport à cette question climatique.
a. Au départ, pour moi, existe bien une réalité tangible, constatable : les hivers sont beaucoup moins froids et les étés plus chauds que pendant mon enfance. Différents éléments mesurables sur la durée confirment, en dehors de mon ressenti personnel, ce réchauffement que je ne conteste pas du tout.
b. Je remarque ensuite que cette réalité de réchauffement climatique est interprétée uniquement sous l’angle de la responsabilité humaine dans la production du CO2, et cet élément est déjà un peu moins indiscutable. Or le CO2 compose seulement 0,042 % de l’atmosphère : 0,042 % de l’atmosphère terrestre aujourd’hui. En clair, sur 1 million de molécules d’air, environ 420 sont du CO₂. Au début de l’ère industrielle, c’étaient 280 molécules. L’air s’est chargé de 140 molécules de CO2 sur un million depuis 1830.
Et ces 140 molécules supplémentaires sont déclarées uniques responsables du réchauffement. Admettons, et je suis sincère en disant cela. Parce que je n’y connais rien.
Mais, sur la production de CO », quelle est la part humaine ? Dites un chiffre, pour voir. Avec tous nos avions, nos voitures, nos usines à charbon… 75 %, 90% ? Ben non, l’homme est responsable de 5 à 7% de la production de CO2. Le reste, c’est une production naturelle terrestre : c’est la respiration du vivant, les océans, le pourrissement du vivant, le volcanisme.
Origine du CO₂
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Type
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Part approximative (%)
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Respiration des êtres vivants
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Naturelle
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Environ 27 %
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Décomposition de la biomasse
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Naturelle
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Environ 27 %
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Échanges avec les océans (émissions)
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Naturelle
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Environ 41 %
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Activité volcanique & géologique
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Naturelle
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1 %
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Total sources naturelles
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Naturelle
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~93–95 %
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Total sources humaines
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Humaine
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~5–7 %
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Donc, l’homme est responsable de 5% de la production annuelle de CO2, mais c’est celle-ci qui est la cause de tous les maux. Cette augmentation de 140 particules sur 1 million en presque 200 ans.
Admettons, encore une fois. Parce que je ne suis pas spécialiste. Mais je me demande quand même comment, sans le CO2 humain, la mer a monté de 120 mètres entre -20 000 et -6 000 ans, formant de nombreuses mers intérieures (Manche, mer Baltique, etc.) à cause de la fonte des calottes. C’était un rythme de 8,5 mm par an, contre 3,5 depuis 20 ans nous dit-on. En rajoutant toujours que jamais un tel rythme n’avait existé.
Ce que je sais en revanche, c’est que des scientifiques vraiment très sérieux, totalement engagés pour la lutte contre le réchauffement n’ont pas une vision aussi simpliste. Pour eux il y a d’autres causes. Vous me voyez venir avec mes gros sabots de conspirationniste, complotiste en train d’aller chercher d’obscurs scientifiques pas spécialistes du domaine ?
Pas du tout, je les prends au GIEC et à l’Institut Cicero (Le CICERO - Centre for International Climate Research - est un organisme indépendant norvégien affilié à l’Université d’Oslo, qui occupe une place centrale dans la recherche sur le climat en Europe, à la croisée de la science, des politiques publiques et des marchés financiers, tout en bénéficiant d’un financement mixte public-privé).
Une étude de l’institut Cicero de Norvège (publication dans Nature, avril 2024) avançait que la baisse de la pollution (moins d’énergie fossile consommée) contribuerait pour 40% au réchauffement des deux dernières décennies. Et la synthèse du 6e rapport du GIEC (pp. 42-43) validait effectivement ce facteur à proportion d’un effet de 0,4°.
Peter M. Cox, directeur du Global Systems Institute (Université d’Exeter) et auteur principal des troisième, quatrième et cinquième rapports du GIEC, va maintenant plus loin[1]. En juillet 2025, dans une communication à la Conférence Climat d’Exeter de juillet 2025, présentant des recherches menant à la COP 30, il avance, à partir d’une étude des données des satellites CERES depuis 2001, que la baisse de pollution atmosphérique serait en fait responsable des deux tiers du réchauffement des deux dernières décennies. La réduction des pollutions soufrées (liée à la transition énergétique) a produit des nuages plus sombres, diminué l’albedo et augmenté la quantité de chaleur absorbée par la planète. Cox, qui n’est pas un climato-scepticisme, plaide donc pour une vision multifactorielle du changement climatique — pas seulement centrée sur le CO₂.
Donc, en l’état actuel des connaissances scientifiques, je pense qu’il serait prudent de rester dans une approche multifactorielle du réchauffement : ne pas tout mettre sur le dos du CO2.
Pourquoi est-ce que je demande un peu de prudence sur ces questions ? Parce que tout mettre sur le dos de la part humaine de production de CO2 risque d’amener des politiques qui seront extrêmement restrictives en termes de liberté et de vie privée : c’est ici que revient mon positionnement citoyen ! Le discours que l’on entend toute la journée dans tous les médias est un discours culpabilisant qui nous demande de baisser notre production de CO2. Nous sommes les responsables et c’est à nous d’agir pour « sauver la planète ».
c. Je distingue donc la réalité du réchauffement et sa mise en discours, qui joue des émotions. D’une part donc la culpabilisation – l’homme est responsable, mais d’autre part, et c’est le plus important, la peur. Pour les médias, et pour les pouvoirs que ces médias se servent, les discours climatiques sont devenus des discours catastrophistes. La chaleur tue. Aller vers le réchauffement, c’est aller vers la mort. Comme pour le COVID et les premières semaines qui ont impressionné l’opinion, la canicule de 2003, joue un rôle important dans la structuration de la peur, mais la réalité du danger de la chaleur n’a aucun rapport avec la létalité.
2. Faire peur avec la météo : un exercice quotidien dans les médias
On pourrait multiplier les titres alarmistes, les journaux en sont pleins : la chaleur tue, le réchauffement climatique tue. Oui certes, mais pas de simplification fallacieuse ! Ce graphique publié dans The Lancet Planetary Health montre les surmortalités comparées dans 853 villes du monde, dues au froid et à la chaleur. Cette publication ne traite pas de changement climatique, mais de santé publique : du reste, aucune référence n’est faite au réchauffement dans l’article.
Masselot P. et al. (2023). “Excess mortality attributed to heat and cold: a health impact assessment study in 854 cities in Europe” dans The Lancet Planetary Health, Volume 7, Issue 4, pages e271-e281.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2542519623000232

À première vue, il semble que l’on meure juste un peu plus de froid que de chaud, partout sauf en Croatie. Mais si l’on observe mieux, on voit que les décès dus à la chaleur (en rouge et à droite) sont gradués de 10 en 10 alors que ceux du froid le sont de 50 en 50 (à gauche et en bleu). L’échelle est différente, et cela fausse la représentation ! Sans cet artifice graphique, les morts dues à la chaleur ne se verraient tout simplement pas. Si l’on prend le total Europe, tout en bas, on lit 130 pour le froid contre 13 pour la chaleur. Ne prêtons aucune intention manipulatoire à cet article qui ne tient aucun Discours de la Peur car son propos est vraiment ailleurs : en lire seulement les données permet de rappeler que le discours omniprésent de « la chaleur qui tue » n’est qu’un discours catastrophiste loin de toute réalité sanitaire. Sinon que dire des morts de froid en excès en hiver ? Pourquoi ne font-ils jamais l’objet d’aucun Discours de la Peur ?
Voici un premier exemple de décalage entre la réalité du réchauffement et sa mise en discours. Après des années de discours réchauffistes, demandez dans votre entourage, si la chaleur tue plus que le froid, et vous verrez que tout le monde est convaincu de la première hypothèse.
Dans le livre à paraître, je me sers de beaucoup d’autres exemples que je ne reprends pas ici, mais je vais juste m’appuyer sur un cas qui m’a semblé assez frappant hier dans l’actualité. Les médias ont pris l’habitude de nous annoncer 10 jours à l’avance les canicules. Ceci permet d’entretenir la pression et de passer d’une canicule à une autre. La plupart du temps, cette canicule n’arrive pas, comme cet été en juillet. Après les deux vagues de juin (selon Météo France du 9 au 11 juin, puis du 19 au 4 juillet), pendant tout le mois de juillet, les médias ont annoncé des canicules nouvelles en France. Or il n’y en a plus eu – quelques chaleurs dans certaines régions, on est bien en juillet, mais pas de canicule. Que celle-ci n’arrive pas au final, ce n’est pas grave, l’essentiel est de tenir un discours sur la canicule, sur sa possible survenue. Les populations ainsi vivent dans une attente effrayée, se préparent au pire. Le discours de la peur aura pu être installé même en l’absence de réalité. Le discours se substitue au réel.
Depuis une semaine, c’est même le contraire qui est en train de se produire puisque les températures de juillet sont en dessous des normales saisonnières et il semble que cela doive durer quelques jours encore. Les cartes météo deviennent bleues, signe que les températures sont en dessous des normales de saison.

C’est intéressant, ces jeux de couleurs. Jusqu'à 2017 à la télévision, les cartes météo ne changeaient pas de couleur, on indiquait simplement les températures sur une verte carte de France. Maintenant on signale les écarts de température par rapport à la normale, ce qui donne des cartes qui peuvent être rouges même en plein hiver, la couleur rouge étant une couleur inquiétante. La carte de France sera rouge en février s’il fait 20 degrés un jour dans l’après-midi, et presque violette s’il fait 23 degrés. On est certes loin de la canicule, mais la France brûle : c’est le message qui passe toute l’année. Les gens ont peur. La météo est devenue un sujet de peur constante.
Que fait le site de la Chaine météo de tout ce bleu en juillet, peu propice à inquiétude ? Il invente une carte que je n’avais encore jamais vue, celle des risques d’orage. Et cette carte permet de revenir à du rouge alarmant.

J’avoue que cela m’a fait sourire de trouver cette carte d’un nouveau genre. Chaque jour a sa carte météo en rouge. La Peur ne retombe jamais.
Je ne montre ici qu’un des nombreux cas de ce discours de la Peur, dont je parle plus en détail dans mon livre.
Pourquoi jouer ainsi de la Peur ? Cela permet de contrôler les populations. Plus elles auront peur, plus elles accepteront d’obéir à des injonctions qui vont changer leurs vies.
3. Il va falloir faire des sacrifices…
Après avoir bien culpabilisé l'homme, après lui avoir bien fait peur, il devient simple de lui demander de faire partie de la solution, en abandonnant une part de ce qui faisait sa vie ordinaire de bon prolétaire allant au travail et payant ses impôts.
On sent bien la pression monter sur ce qu’on mange, sur comment on va au travail, sur le fait que c’est mal de prendre l’avion ! Culpabilisation incessante… pour que nos petits efforts qui en seront des gros fassent baisser les 5% de part humaine de CO2.
Le site ministériel Nos gestes climats est à visiter https://nosgestesclimat.fr.
On propose à chaque personne d’évaluer son bilan carbone en ciblant clairement la vie privée : « Il concerne votre vie personnelle, et non pas votre boulot. » Les gestes qu’il invite à faire concernent l’alimentation (« devenir végétalien » est la mesure-phare, « préférer la chicorée au café »), le logement, les transports et divers. L’ambition affichée est de faire passer à terme le bilan carbone d’un Français de 9,1 tonnes par an à 2 tonnes, le site nous informant qu’un aller-retour Paris-Athènes en avion en consomme déjà près de la moitié (800 kilos). On imagine la somme des petits et gros changements de vie privée que l’atteinte de cet objectif supposera(it).
Visitez ce site, il vaut la peine !
Parmi les actions, « inviter ses proches à réduire leur empreinte carbone » a des accents de contrôle social de tous sur tous qui n’est pas sans me rappeler ces enfants qui dénoncent leurs parents dans 1984… Mais on n’est pas dans une dystopie, on est dans une démocratie, dans laquelle on joue sur deux sentiments : peur et culpabilisation. On est dans une démocratie dans laquelle on peine à voir le but des efforts à faire : il s’agit de quoi au juste ? D’arrêter le réchauffement ? De le limiter ? On n’en sait rien.
Ce que l’on commence à voir, c’est le sacrifice qui se prépare de ce qui fait un peu encore le sel de nos vies : se faire un petit barbecue (« Quoi ? Non seulement tu manges de la viande qui produit tant de carbone mais en plus tu la prépares sur du feu qui fait de la fumée ? Non mais allo quoi ! Inconscient ! irresponsable ! Mauvais citoyen !) sur une plage de Grèce (Quoi ? Tu as bouffé la moitié de ce à quoi tu as droit annuellement pour aller griller du porc au milieu de vieilles pierres) et finir par un café (« Putain, un café, carrément ! Tu as pas vu le site Nos gestes pour le climat ? Espèce de saccageur du climat ! Tu peux pas prendre une chicorée ? Et même rien prendre du tout ? »).
Mon point de vue de citoyen sur le climat, il est là. Dans ma propre peur à moi. Pas de pa chaleur, des orages, ni de la sècheresse. Mais dans la peur de ce genre de sacrifice que je vois se préciser de plus en plus… Mais le pire n’est pas toujours sûr, écrivait Paul Claudel… qui n’était pas Monsieur météo sur France 2 !