Le pillage des élites : Madagascar – France.

Le 11/10/2025 0

Article du 11 octobre 2025

 

Ma carrière professionnelle m’a amené à travailler à Madagascar, un pays où la pauvreté était le lot commun de la population, peu alphabétisée, et au sein de laquelle peu de personnes avaient accès à des biens essentiels, eau courante, électricité. Madagascar est pourtant un pays qui regorge de ressources naturelles, avec une population très entreprenante, travailleuse, formée depuis des siècles à l’exigeante riziculture. Je me disais en y arrivant que ce pays ne pouvait que décoller. Ceux qui étaient là depuis quelques années me disaient avoir partagé ce sentiment optimiste. C’était à leur arrivée. Je suis parti trois ans après en laissant un pays qui se portait plus mal.

Un coup d’État s’en est suivi quelques mois après, portant au pouvoir celui qui est l’actuel président, un disc-jockey, Andy Rajoelina, même pas quarante ans alors, porté par… un mouvement populaire ? Ou bien par la caste au pouvoir depuis l’Indépendance ? Quelques familles qui se partagent le pouvoir, dans l’ombre. Elles ont toujours le pouvoir réel et accaparent les richesses. Les figures présidentielles passent, les mêmes s’enrichissent. Il faut juste parfois ravaler la façade, mettre de nouvelles têtes, jeunes, inexpérimentées de préférence, ça fait nouveau. Frais… Mais rien ne change.

Ce qui m’avait frappé aussi, c’était de côtoyer dans mon travail d’universitaire à la tête du bureau régional d’une agence de coopération une classe de petite bourgeoisie qui vivait quotidiennement un déclassement économique : des fonctionnaires, des profs, des chercheurs, des petits chefs d’entreprise qui avaient connu mieux. Ils avaient encore des pianos dans leur maison, des jardins dans leur villa achetée jadis, les enfants faisaient des études mais ils tiraient toujours plus le diable par la queue, leur travail ne suffisait plus à vivre confortablement et ils s’ingéniaient à trouver des alternatives, des compléments. Leur voiture fumait, crachait. Leur costume baillait. Ils étaient en voie de paupérisation, ils le savaient, ils en avaient peur. Ils voyaient les plus pauvres juste en-dessous et tremblaient de commencer à leur ressembler.

La troisième chose qui me frappait, c’était la capacité d’acceptation de ce peuple. Il endurait depuis des lustres une pauvreté généralisée avec une grande résignation. La contestation sociale n’existait pas. Fatalisme, destin. Les églises étaient pleines, les temples aussi. Lien de cause à effet ? Poule et œuf ? Je ne sais, mais je me disais qu’en France, cela aurait pété depuis longtemps.

Pourquoi parler de Madagascar ?

D’abord parce que maintenant, ça pète là-bas.  Le dernier rapport de la Banque mondial, concernant le taux multidimensionnel de pauvreté des pays, nous apprend que Madagascar se classe au cinquième rang en 2024. 69% de la population malgache n'a pas accès aux services de base pour se soigner, éduquer ses enfants et vivre dans des conditions sanitaires acceptable. Les deux tiers de la population ! Pour réduire la pauvreté et relancer la croissance, la Banque mondiale estime que Madagascar doit améliorer la gouvernance, assainir le climat des affaires, privilégier les investissements privés dans les secteurs liés au changement climatique, comme le souligne l'institution de Bretton Woods. « Privilégier les investissements liés au changement climatique » me fait doucement rigoler… mais jaune : l’empreinte carbone de ces millions de pauvres ne doit pas peser lourd. Mais « Améliorer la gouvernance » : cela veut dire, si l’on décode le langage diplomatique, qu’il faudrait que les dirigeants cessent de piller le peuple.

En attendant, les gens veulent avoir accès à l’eau, à l’électricité, manger plus souvent… Ils sont réprimés. Au moins 22 morts les premiers jours.

Une autre raison me fait parler de Madagascar et elle est liée à la France. Non, non, la France ne pille pas le pays, ou alors pas principalement car les dirigeants malgaches savent assez bien faire cela, 65 ans après l’indépendance : ce ne sera donc pas mon discours, je n’entonnerai pas le décolonialisme et la repentance qui donne bonne consience et dédouane les autres de leurs responsabilités. À Madagascar, je travaillais pour l’Agence universitaire de la Francophonie, AUF. Une association de droit canadien (basée à Montréal) réunissant plus de 1100 universités francophones dans 120 pays dans le monde, employant 200 personnes environ (la majorité des personnels locaux) et dont le but était de favoriser la coopération entre les universités travaillant en français. C’est pas con comme idée, non ?  De permettre à des Comoriens de faire des projets avec des Vietnamiens ou des Canadiens, des Marocains. Mon boulot consistait à gérer des programmes de bourses, à accorder des crédits pour des projets en médecine, sciences de l’ingénieur ou littérature, à permettre à des universitaires dont les facs sont sans grands moyens d’aller communiquer en colloque à Bruxelles ou Dakar. Quand j’y suis entré en 2005, le réseau était de 635 universités, en 2008 il était un peu au-dessus de 800, et il est à plus de mille.

J’étais fier de cet instrument de coopération, de sa philosophie horizontale. Chaque université membre cotisait au budget général en fonction des moyens du pays (2000 euros par an jusqu’à 8000) et pouvait en contrepartie bénéficier des programmes et participer à la vie de l’association, à ses décisions : 15% du budget total. Quelques États complétaient bien sûr. La France contribuait pour 70 % du budget. Les 15% restants étaient fournis par d’autres États.

La semaine dernière, je parlais avec un ami Italien, professeur des universités et directeur du bureau Maghreb depuis deux ans. Quelqu’un de dévoué à la cause… humaniste, passionné de coopération et d’amitié entre les peuples. En novembre, il sera licencié. Il l’a appris le 3 septembre. 150 emplois menacés. Pourquoi ? La France a décidé de ne pas donner sa subvention. 16 millions d’euros pour 2026. Non seulement elle ne paiera rien en 2026, mais cela vaut aussi pour 2025 ! Quasi rétroactif, d’annoncer cela en été ! Résultat ? Tous les programmes de l’AUF sont arrêtés… On va maintenant payer seulement des salaires pour… ne plus rien gérer. Le ratio entre frais de fonctionnement et frais de programme sera épouvantable !!! L’AUF est morte, quoi !

« Mais il faut faire des économies ! La dette ! La dette ! La dette !!!! ». Foutaise.

La dette est l’instrument inventé pour saigner les peuples.  Sous Jacques Chirac, elle est passée de 663,5 milliards d’euros à 1 211,4 milliards d’euros, soit de 55,5 % à 64,1 % du PIB. Sous Nicolas Sarkozy, à 1 833,8 milliards d’euros, soit à 90,2 % du PIB. Sous Hollande, à 2 258,7 milliards d’euros, soit 98,4 % du PIB. À la fin du premier trimestre 2025, la dette de la France représente 3 345,4 milliards d’euros, soit 113,9 % du PIB.

Ceux qui ont créé la dette nous présentent maintenant la facture. Comment ils l’ont créée ? À coups de niches fiscales, d’évasion fiscale non combattue, de cadeaux aux entreprises sans jamais demander de contrepartie sur l’emploi par exemple.

Le dernier en responsabilité, Macron, a chanté les vertus du « Quoi qu’il en coûte » pendant le Covid. Rappelez-vous. Je n’ai jamais applaudi à cette énormité qui a consisté à mettre le pays à l’arrêt pour rien. Lui savait qu’il reviendrait vers nous plus tard. « Quoi qu’il vous en coûtera », aurait-il dû dire ! Ne comptons pas les subventions données au tissu économique fermé par décret à cette époque : les restaurants, les boites de nuit, les transports, les commerces, les… !

On aura dépensé 17 milliards pour les vaccins. Et plus de 10 milliards que pour les tests ! 27 milliards juste en dépenses dites de santé. Et les coûts économiques ? Je ne sais pas, mais la dette a explosé.

Et l’Ukraine ? Il fallait l’aider. Elle est le rempart contre la Russie. Aide militaire : La France a fourni 1,7 milliard d'euros en 2022, 2,1 milliards d'euros en 2023, et jusqu'à 3 milliards d'euros pour 2024. Mais cette aide militaire est une goutte d’eau. En incluant la quote-part française des aides européennes et l'aide aux réfugiés, le total s'élève à environ 26 milliards d'euros, dont 7,04 milliards d'euros d'aides directes et 15,31 milliards d'euros de quote-part des aides européennes. C’est France info qui le dit, en cherchant le vrai du faux et en disant « 28 milliards comme le pretendent certains internautes ? C’est exagéré ». En effet, après avoir compté, la chaine n’en trouve « que » 26…  Guerre en Ukraine : la France a-t-elle donné 28 milliards d'euros d'aides à l'Ukraine ?

Alors maintenant que ces quelques sommes sont posées, revenons à l’AUF.

Un ensemble de sénateurs s’est ému de cette situation et a écrit une lettre au président de la République. https://yan-chantrel.fr/au-senat/menaces-sur-l-avenir-de-l-agence-universitaire-de-la-francophonie/

« Menaces sur l’avenir de l’Agence Universitaire de la Francophonie »

La lettre jointe peut être lue ici :

https://yanchantrel.fr/uploads/articles/686d2e09b8b659271405706/attachments/20250708%20Courrier%20au%20Pre%CC%81sident%20de%20la%20Re%CC%81publique%20-%20Budget%20AUF.pdf

Extrait :

« Cette baisse brutale et rétroactive, de l’ordre de 75% de la contribution historique de la France, soit 16 millions d’euros, constitue une amputation de 45% du budget total de l’agence. »

On a donc le budget total de l’AUF, par un petit calcul simple : 35 millions d’euros. Et on voit que ce que la France ne verse pas, ni en 2025 ni en 2026, c’est 16 millions d’euros. Une toute petite goutte d’eau mais qui assèche un fantastique dispositif, qui fous à la poubelle 50 ans de coopération universitaire, qui détricote un tissu, qui appauvrit l’espace francophone… Ils s’en foutent.

Pour vous donner une idée de ce que cela représente dans le budget français et par rapport à de récentes dépenses, voici un petit outil. Saviez-vous que si on se représente 1 euro = 1 seconde, alors 1 million d’euros, c’est 11 jours ? Et combien font un milliard d’euros ? 31… ans ! Vertigineux, non ?

Avec cela, revenons à notre AUF

   

équivalent calendrier

 

Euros

jours

années

1 million

1 000 000

11

 

1 milliard

1 000 000 000

 

31

       

AUF

16 millions

 

176

 

Dons Ukraine

26 milliards

 

806

Tests Covid

10 milliards

 

310

Augmentation du budget militaire entre 2017 et 2027

De 33 milliards par an à 64 milliards par an 

De 1023 en 2017 à 1984 en 2027

On économise donc, en sacrifiant l’AUF, l’équivalent de 176 jours mais on a donné 806 années à l’Ukraine, et 310 années pour des tests Covid.

En lien avec la guerre en Ukraine et pour arrêter les chars de Poutine qui seraient à nos portes (Discours de la Peur), la France poursuit son augmentation du budget militaire : il aura doublé en dix ans en 2027. Regardez les centaines d’années que cela représente, c’est plus parlant parce que les milliards, c’est abstrait ! Et comparez aux 176 jours de l’AUF. Voilà pour les proportions.

Et maintenant, si l’on comparait avec un pays voisin ? La Suisse ! Mais Bruno, tu peux pas comparer la France et la Suisse, voyons ! Non, c’est vrai, alors je vais comparer ce qui est comparable : AUF et… Faculté des Lettres de Lausanne, Francophonie-France et… Canton de Vaud ! Ne riez pas !

Quand la France donnait (au passé) 16 millions d’euros par an à une association présente dans 120 pays, 1100 universités et employant 200 personnes, le Canton de Vaud donne à la seule Faculté des Lettres de Lausanne… 42 millions, pour… 2000 étudiants. Je vous fais pleurer ? Le budget annuel de l'Université de Lausanne (UNIL) s'élève à 736 millions de francs suisses en 2024… 850 millions d’euros ! Vous voyez les échelles ? Vous mesurez ce qui serait ridicule si ce n’était l’expression de choix tragiques, concertés, vers l’apauvrissement ?

Est-on devant le spectacle de « Splendeur passée et misère actuelle de la France » ?

Ou bien constate-t-on ici le résultat de choix assumés pour :

  • saborder le pays ? la Francophonie peut être critiquée comme survivance néocolonialiste, la promotion du français a toujours fait partie de son rayonnement. Nos élites volontiers anglophones par snobisme s’en foutent sans doute.
  • sabrer tout ce qui ressemble de près ou de loin à du lien social en France ? Je vous renvoie d’abord à mes articles récents sur la lutte des classes. https://informations-covid.e-monsite.com/blog/le-communisme-mais-des-riches-la-lutte-des-classes-existe-bel-et-bien.html. Et je poursuis avec cette nouvelle de Libération, qui ne peut pas ne pas résonner avec mon tableau d’ensemble.

https://www.liberation.fr/societe/en-france-un-quart-des-associations-de-solidarite-sont-menacees-de-disparition-20251006_KIYHRSJESFGF3MLDBDY35IFEV4/

 

En France, un quart des associations de solidarité sont menacées de disparition

Une enquête de la Fédération des acteurs de la solidarité révélée ce lundi alerte sur les difficultés de financements qui fragilisent les missions, mais aussi l’existence même de ce secteur associatif.

Augmentation de la pauvreté d’un côté, financements de plus en plus faibles de l’autre. Et au centre de ce paradoxe ? Les associations de solidarité, contraintes d’accompagner plus de monde, avec moins de moyens. C’est le cri d’alarme que lance ce lundi 6 octobre la Fédération des acteurs de la solidarité, dans une enquête nationale menée auprès de son réseau de plus de 900 organisations adhérentes, implantées sur l’ensemble du territoire – et représentatives de la diversité des champs d’action du social et du médico-social.

Le secteur de la solidarité est très large : il englobe notamment les questions d’aide alimentaire, d’hébergement d’urgence, de protection de l’enfance, ou encore des droits des femmes. Et les résultats de l’enquête sont alarmants : une association sur quatre est menacée de disparition car elle dispose de moins de deux mois de trésorerie pour assurer les dépenses liées à son fonctionnement.

Samira El Alaoui, directrice de l’association de lutte contre l’exclusion, témoigne à l’AFP de cette situation «très stressante» : «Nous n’avons plus de trésorerie, nous avons touché des acomptes à hauteur de 70 % en mai mais nous n’avons aucune visibilité sur le versement du solde de ces conventions passées avec l’Etat.» Une situation qui a poussé la directrice à négocier une autorisation de découvert avec la banque pour pouvoir payer les salaires de septembre des 70 employés de sa structure.

L’AUF est ainsi une des associations touchées. Elle n’est pas la seule. Au nom de la dette - créée, on saborde ce qui permet encore un peu de cohésion sociale. On fait des choix que l’on ne présente pas au peuple français (l’arrêt de l’économie pendant le Covid, les achats de vaccins : 4,5 milliards de dose pour 800 millions d’Européens ! 74 milliards en tout) et ensuite on rend ce peuple responsable. On lui dit qu’il vit au-dessus de ses moyens, qu’il faut faire des sacrifices. On nous tond et on nous mange la laine sur le dos.

Ces cinq derniers mois, une commission d’enquête au Sénat a entendu 33 dirigeants de grandes entreprises, comme TotalEnergies, LVMH, Sanofi, Michelin, Lactalis ou encore STMicroelectronics. La commission, à l’initiative de Fabien Gay (communiste), était présidée par le sénateur LR Olivier Rietmann (président de la délégation aux entreprises a livré un rapport explosif : au moins 211 milliards d’euros d’aides publiques sont versés chaque année aux entreprises françaises. Un chiffre déjà faramineux, qui dépasse de loin les estimations couramment avancées. Mais il se pourrait bien que cette somme soit en réalité encore sous-estimée. Dans Le Grand Détournement, Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre avancent le chiffre de 270 milliards d’euros, en élargissant le calcul aux niches fiscales, aux baisses de cotisations et aux allègements d’impôts sur le capital. Bruno Le Maire concédait lui-même en 2023 que le maquis des aides aux entreprises est si opaque que l’État lui-même est incapable de dresser un inventaire complet.

Le site de l’Observatoire des Mutlinationales a interviewé le rapporteur.

https://multinationales.org/fr/a-chaud/entretiens/notre-chiffrage-de-211-milliards-d-euros-d-aides-publiques-est-deja-largement

Celui-ci raconte une partie de son entretien avec ST Microelectronics, qui a bénéficié de 500 millions d’euros de crédits d’impôt recherche.

« Quand j’ai demandé au PDG le montant des impôts que l’entreprise payait en France, il m’a dit qu’il ne savait pas. Je lui ai dit : « Je vais vous les donner, moi », et j’ai vu son visage changer. La plupart des années, c’était zéro, avec une seule exception, où ils ont versé moins de 100 000 euros. »

« Sanofi, où ils ont essayé de noyer le poisson, de prétendre qu’ils n’avaient pas procédé à des licenciements malgré quatre plans de sauvegarde de l’emploi. Ils ont fini par lâcher le fameux chiffre : 1 milliard d’euros de crédit impôt recherche. Tout le monde était stupéfait : vous touchez 1 milliard d’euros, vous licenciez et en plus vous ne trouvez pas de vaccins... Les autres patrons avaient le choix : soit jouer la transparence comme MM. Ménégaux et Pouyanné, soit faire comme Google et Sanofi et risquer de se prendre une vague de critiques sur les réseaux sociaux. La plupart ont choisi la première option. Ils ont donné des chiffres, qui ont commencé à circuler et à marquer les esprits : le milliard d’euros de CIR de Sanofi, les 298 millions d’euros touchés par ArcelorMittal en 2023... »

Je ne vais pas verser dans la démagogie facile car une part de ces 211 milliards contribue aux retraites des cheminots, à des contrats d’apprentissage, aide parfois mais marginalement de petites entreprises (c’est le rapport du Sénat qui le dit). Tout ne va pas dans la poche des actionnaires des grandes entreprises, tout n’est pas sans effet sur l’emploi et le tissu économique. Mais à l’heure où un sou semble un sou quand il entre dans la poche des plus pauvres, il est peu acceptable que tout le monde ne soit pas soumis au même régime… scrupuleux.

On ne peut pas tenir des discours de fermeté tous les jours contre les migrants, contre les travailleurs, contre les chômeurs, et laisser une entreprise qui fraude, licencie, délocalise, continuer à concourir aux aides publiques.

On ne peut pas non plus continuer à nous faire peur avec les grandes fortunes qui vont fuir si on leur appliquait une taxe : Zucman (taxer à hauteur de 2% les patrimoines de plus de 100 millions d'euros et qui concernerait 1.800 foyers) ou autre peu importe.

Mais les journalistes ne font pas leur travail qui répètent à longueur de journée qu’il n’y a pas d’alternative et qu’il ne faut surtout pas taxer les très très riches. Ils vont partir, les pauvres. Qui sont-ils ? Prenons juste 10 familles pour voir comment elles se sont enrichies pendant que les autres tirent la langue, cela suffira à la démonstration, il me semble.

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Observez le décrochage brutal sous Macron, depuis 2017. Et avant, quand il était Ministre des Finances d’un président dit de gauche dont l’ennemi était censé être… la finance !

Tout ceci me ramène à Madagascar, pour finir. Je commençais en disant avoir vu les Malgaches s’appauvrir et une classe de prévaricateurs gouverner.

Je finis en disant que je vois la même chose. Ici. Notre seul avantage, c’est qu’on part de plus loin, on mettra plus de temps à atteindre leur niveau. Il nous semble même que ce n’est pas possible, tellement inimaginable. On a la mémoire bien courte, à ne pas se souvenir de ce qu’était le quotidien de nos grands-parents, et même de nos parents à l’âge où ils se mariaient. La parenthèse de la relative richesse de quelques générations se referme.

Ma thèse principale c’est que l’enrichissement européen de l’après-guerre est un accident historique dans l’Histoire de la misère des peuples, et des peuples européens. Il a été arraché par des luttes populaires profitant des conditions de l’après-guerre, de la reconstruction. Cet accident, le capital s’emploie à le faire oublier, à faire rentrer les peuples dans le rang. A coup de dette qui va servir de prétexte à « en finir avec les acquis sociaux », à coup de « nous vivons au-dessus de nos moyens ». A coup de migrations de travailleurs, il a créé une concurrence entre les salariés « protégés » ici et les crève-la-faim qui viennent et tirent vers le bas. A coup de délocalisations, le capital a fait du chantage à l’emploi, toujours avec du moins-disant social. Maintenant, c’est la dette.

Une chose est sûre, ceux qui gèrent ainsi l’économie mondiale vivent bien au-dessus des nôtres, de moyens, et notre relative marge de manœuvre au-dessus de la pauvreté, c’est encore trop pour le profit et les profiteurs !

Mon motif d’espoir, c’est que les Français, d’autres peuples européens n’ont pas la même capacité à subir que les Malgaches. Mon motif de désespoir, c’est de voir les antennes et les gazettes squattées par de pseudo-journalistes qui ne sont que des perroquets aux mains de la poignée de personnes à qui profitent vraiment ce qui se passe contre le Bien public et qui, bizarrement, possèdent les médias… Ah ben mince, alors. À longueur de journée, ils perfusent les fausses évidences, les constats qu’il n’y pas d’alternative, que les marchés (dont la main n’est pas si invisible, elle est au gouvernement) ne le supporteraient pas. Le peuple n’y comprend rien, y croit, attend le gouvernement Lecornu. Ou Bardella, peu importe, Bardella est suffisamment capitalo-compatible pour que ces mêmes journalistes considèrent son parti comme désormais faisant partie de l’arc républicain… dont LFI est exclu. La Palestine aura servi à ça : à discréditer ce qui reste un peu de gauche en criant à l’antisémitisme, crime suprême.

Tête nouvelle, fraîche, ce Bardella. N’a pas eu le temps de vieillir sous le harnais. La vie l’a, fort heureusement, préservé et des études et du travail. Comme Rajoelina à Mada. Comme ce bon Lecornu, comme avant lui la marionnette Attal, qui n’ont rien été d’autres dans leur vie que des gens hantant les cabinets ministériels ou des élus. Le bonnet peut passer de l’un à l’autre, changer de tête, il aura toujours la même forme. Celle d’un bonnet d’âne mis sur la tête d’un berger gardant des moutons entourés de chiens de garde.

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