Le vaccin en connaissance de cause (1) : efficacité vaccinale

Le 11/10/2022 0

Article du 11 octobre 2022
 


Au moment où s'engage la campagne pour la 4e dose de vaccin, également appelée 2e dose de rappel, il est intéressant me semble-t-il de faire un point sur les effets des vaccins à ARN messager. Après bientôt deux ans, nous disposons d’un peu du recul nécessaire pour cela. Le moment est bon pour faire un point de manière dépassionnée.

 

1. Le vaccin protège des effets graves du Covid 19 : examen de cette affirmation

Les discours sur le vaccin ont évolué. On a d’abord pensé que le vaccin pouvait arrêter l’épidémie. En effet, on a pu penser que le vaccin empêchait d’attraper le virus. Mais cela s’est avéré inexact. Puis on a dit que le vaccin bloquait la chaîne de transmission : vacciné, on ne transmettait plus. Mais ceci aussi s’est avéré inexact. La résultante de ces deux discours avait permis de créer le slogan du Ministère : « Tous vaccinés, tous protégés ». Beaucoup de gens ont pu y croire et se vacciner pour se protéger mais aussi par altruisme. Après quelques mois de vaccination, il est apparu que ce ne serait pas aussi simple, que l’on n’atteindrait jamais la fameuse immunité collective, ni par vaccination ni par infection, du simple fait que le virus mute, comme celui de la grippe, et qu’il dispose de nombreux réservoirs animaux.

Que reste-t-il pour apprécier l’efficacité du vaccin et aujourd’hui commencer ou continuer à se faire vacciner ? Le dernier argument est celui d’un vaccin qui limiterait les effets graves. Que faut-il entendre par là ? Il s’agit des cas dans lequel l’infection nécessite une hospitalisation, ou un passage en soins intensifs ou conduit à un décès.

Apprécier ce fait se heurte à une difficulté épistémologique : si une personne contracte le virus sans faire de forme grave, comment savoir que le bénéfice est dû au vaccin ? Discours fréquent et sans réponse possible : « J’ai attrapé le Covid, mais sans forme grave. Heureusement que j’étais vacciné ». Comment savoir si le résultat n’aurait pas été identique sans le vaccin ? On se heurte là à une réalité indémontrable du point de vue individuel. Chacun va réagir selon son degré de croyance en l’efficacité du vaccin. Comment faire autrement ?

Il me semble que, pour avoir une réelle idée de l’efficacité du vaccin, il faut dépasser les cas individuels et aller vers les grandes masses.

Voici le raisonnement que je vous propose. Pour les fabricants, le vaccin protègerait des formes graves à proportion de 90-95%, ce qui justifie pleinement le geste de vaccination pour se protéger soi-même. S’il en est réellement ainsi, on peut imaginer que, tout le monde s'accordant à dire que le décès est une forme grave, l'introduction de la vaccination de masse dans une population nationale devrait avoir un effet positif remarquable sur le nombre des décès.

La courbe des décès additionnés jour après jour, mois après mois, qui est une courbe qui ne descend jamais, devrait s’aplanir. Cesser d’augmenter. En effet, si 200 personnes d’une population décèdent chaque jour avant campagne de vaccination, on peut espérer que quand la moitié des personnes sera vaccinée, avec une protection à 90% seulement, on évitera non la moitié des décès (100), mais la moitié moins 10% (90 morts) : et donc au final 110 morts au lieu de 200.

On va examiner cela en prenant les courbes de quelques pays générées par un site remarquable, fait par Sciences Po, à partir des données du John Hopkins Institute : pas vraiment deux repères de complotistes ! Ci-dessous le lien vers la France, que je présente plus bas. Vous avez à gauche la possibilité de faire apparaître les pays que vous voulez, la courbe des décès, des cas, des vaccinés. Et plusieurs présentations… J’en ai fait mes choux gras !

https://boogheta.github.io/coronavirus-countries/#deceased&places=France&alignTo=deceased&zoom=501,1

Je vous présente ici trois pays et trois courbes qui montrent une solide décrue des effets graves dans la dernière période. Vous verrez que ces courbes montrent clairement deux pics de mortalité, similaires dans trois pays, avec ensuite l’atteinte d’un plateau qui signifie que le nombre des morts quotidien est quasi nul.

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Description générée automatiquement

Dans ces pays, les premiers morts sont en avril pour le pays en jaune (Kenya), en mai pour le pays en vert (Zambie), en juillet pour le pays en bleu (Namibie) : le gros plan le montre ici, en prenant un focus entre avril 2020 et décembre 2020.

Sciences po 1

Puis l’on fait un focus sur la partie été 2021, celle où il y a eu le plus de morts, en Namibie et au Zimbabwe , le Kenya suivant une progression arithmétique, régulière :

Sciences po 2

Juillet-août a été dans les pays vert et bleu (Namibie, Zimbabwe) une période de forte mortalité : elle correspond à la diffusion du variant Delta, apparu en mai et quasi seul partout dans le monde fin août.

A partir d’octobre 21, les trois courbes s’aplanissent. C’est peut-être l’effet du vaccin. C’est aussi à cette époque que le variant Omicron arrive, qui remplace très rapidement le Delta. C’est donc peut-être aussi l’effet du variant.

Une étude publiée sur le site Covid Tracker, qui est le site public recommandé par notre gouvernement pour s'informer au quotidien (son auteur a eu la légion d'honneur et vient de créer un site pour suivre les dépenses électriques au quotidien... D'une crise à l'autre !) montrait en janvier l'effet de l'arrivée d'Omicron sur les soins intensifs. Diminution par deux du passage aux soins intesifs dans les 3 jours suivant l'hospitalisation.

Risques 8

 

En tout cas, les morts ne viennent plus s’ajouter aux morts dans ces trois pays. Du point de vue de la gravité en termes de décès, l’épidémie est terminée. Le plateau est totalement atteint en février 2022 dans les trois pays. Depuis, plus rien à signaler. L’OMS peut dire que la pandémie est terminée. On n’a plus de décès, on n’a plus que des cas… On vit avec. Regardez.

Sciences po 3

 

Ces profils peuvent maintenant être mis en perspective avec les campagnes de vaccination pour apprécier l’effet éventuel du vaccin.