Le Covid a surtout été l’occasion d’un grand récit auquel tout le monde a été prié d’adhérer dans tous ses détails sous peine d’être taxé de « complotiste », mis au ban, disqualifié dans l’espace public et ridiculisé comme stupide, arriéré. Anti-science. Mon ouvrage Le Covid en ses discours (téléchargeable gratuitement ici https://eac.ac/books/9782813004895), quel que soit le jugement que l’on peut avoir sur le fond sur cette crise, montre combien ce genre de jugement est réducteur, simplificateur.
Le plus important dans cette séquence est qu’on a vu, pour la première fois me semble-t-il avec cette force toute la société, française mais pas que, priée d’adhérer à un grand récit sans en rien remettre en question ; et surtout, pour la première fois, ce récit a engendré une série de mesures politiques qui ont eu un aspect totalitaire.
« Totalitaire, Bruno… Enfin, un peu de sérieux, on n’est pas en Corée du nord, ou en Russie », comme on dit quand on veut se montrer ici en parangon de démocratie – utilité des repoussoirs !
« Si, si, totalitaire, je prends le mot à la lettre ».
Un pouvoir totalitaire est un pouvoir qui pénètre jusqu’au cœur des individus, qui en contrôle jusqu’au moindre aspect. Qui ne laisse pas hors de son champ la sphère privée, surtout pas ! Les totalitarismes classiques sont ceux qui se contentent de censurer l’expression politique (parti unique), d’interdire la liberté d’expression (censure, lois répressives), de policer toute manifestation publique. Bon, le macronisme n’en est pas loin quand les lois qu’il a créées conduisent à ce que la police doive convoquer des personnalités politiques en raison de leurs discours sur Israël, quand il interdit puis réprime les manifestations qui ne sont pas conformes à la doctrine du Pouvoir actuel, quand il met en place des législations de contrôle de la Vérité – cf article https://informations-covid.e-monsite.com/blog/informer-un-peu-tant-qu-on-peut-encore.html, avec la mise en place d’organismes qui prétendent faire la part de la vraie information et de la fausse…
Mais l’essentiel, pendant la crise Covid, a été ailleurs : au nom d’un récit simplifiable en trois points « Le Covid est mortel – Le Covid ne se soigne pas – Il n’est de solution que le vaccin », le Pouvoir a pu imposer des mesures toutes plus absurdes les unes que les autres et sans aucun fondement scientifique, dont le catalogue est très long, mais dont le point commun est de s’être immiscé au cœur de nos vies privées. Le Pouvoir a ainsi, pour la première fois, pu régimenter :
- nos loisirs : aller à la plage, y rester ou devoir marcher, y consommer ou pas de l’alcool ; pouvoir pratiquer un sport dans une structure associative ; aller au cinéma, au théâtre, au stade ;
- nos déplacements : sortir de chez soi, faire ses courses, aller au-delà d’un certain nombre de kilomètres ;
- notre travail : on a interdit à des gens d’aller travailler car ils n’étaient pas vaccinés. Pendant ce temps des vaccinés positifs allaient travailler.
Il l’a fait avec l’adhésion d’une grande partie de la population, avec le contrôle des uns sur les autres. Il lui a certes fallu mobiliser l’appareil répressif – la peur du gendarme fonctionne toujours, taper au porte-monnaie à coup de 135 euros également – mais l’essentiel a résidé dans le développement d’un Discours de la Peur, que le Pouvoir a entonné dès le mois de mars 2020, à coup de conférences quotidiennes égrenant les morts du (mais le plus souvent avec) le Covid et d’images d’hôpitaux saturés ; un discours qui a eu plusieurs effets :
- une demande de protection par le Pouvoir ;
- l’attente d’une solution miracle, toute thérapeutique antivirale habituelle étant écartée ;
- une fracture du corps social, une fois le vaccin et son cortège de dispositifs coercitifs mis en place (passe sanitaire puis passe vaccinal) ;
- l’impossibilité de dégagement d’un espace communicationnel dans lequel les systèmes de valeur, divergents voire antagonistes, auraient pu se confronter, s’échanger, comme c’est le cas dans un fonctionnement démocratique. L’Assemblée nationale a été dépossédée de ce rôle par le Conseil de défense, j’ai eu l’occasion de l’analyser ici et cela est repris dans la dernière partie de mon livre.
Le Discours de la Peur est devenu un outil de gouvernementalité. Je pense qu’il s’agissait d’une première dans la vie politique française, du moins à ce niveau de généralité et s’agissant d’une politique concernant tous les aspects de la vie quotidienne.
Or, ce que l’on voit, c’est que les mêmes ressorts sont déjà tendus, les mêmes dispositifs prêts à resservir : on le voit à propos de la crise ukrainienne quand le Pouvoir martèle, sans arguments qu’une fois le conflit ukrainien terminé la Russie s’attaquera aux pays européens. Faire peur pour gouverner.
On le voit aussi à propos de ce que l'on appelle de plus en plus souvent non plus le dérèglement ou le réchauffement climatique mais l’ « urgence climatique ». Je ne fais pas ici le compte de tous les discours de la Peur qui entourent le réchauffement actuel, ils sont quotidiens et feront peut-être l’objet d’un prochain article.
Avant d’aller plus loin, je demande que l’on ne me disqualifie pas d’emblée comme complotiste, climato-sceptique voire terre-platiste… car les amalgames sont rapides ! La question climatique est, de fait, trop complexe pour que l’on puisse rapidement se faire une opinion arrêtée et je n’entrerai donc pas ici dans des questionnements sur le fond. J’attire juste votre attention dans cet article sur le dispositif médiatique qui est en train de se mettre en place autour de cette question dans l’audio-visuel public.
En voici une illustration, que je trouve saisissante. Le 21 avril 2024, Adèle Van Reeth (Directrice de France inter) et Sonia Deviller (interview politique de la Matinale de France inter, 7h50) sont reçues dans l’émission C médiatique (France 5). Si vous voulez visionner, c’est à 15’30.
https://www.france.tv/france-5/c-mediatique/saison-2/5853087-emission-du-dimanche-21-avril-2024.html
Transcription :
François Régis Gaudry (animateur On va déguster, France 5, 11h-12h) :
Est-ce que vous interdisez d’inviter certaines personnalités trop sulfureuses trop clivantes ou trop populaire, je pense notamment à Karine le Marchand qui s’était émue dans une émission de ne pas être invitée sur France Inter ?
Adèle Van Reeth :
Alors non on interdit personne, personne est interdit de micro à France Inter, je sais que beaucoup de gens le pensent parce qu’effectivement beaucoup de gens voudraient être invités et la matinale étant ce qu’elle est on a un nombre limité de places on ne peut pas inviter tout le monde mais ce n’est jamais un refus de principe. Et certainement pas au nom de la popularité
François Régis Gaudry :
Je pense à Michel Onfray qui est un philosophe extrêmement controversé
Sonia Devillers (matinale de France inter) :
Oui. Chaque fois que Michel Onfray a dit ça sur un plateau derrière il y a eu un fact checking
François Régis Gaudry : et il était invité il y a deux ans
Sonia Devillers. Voilà, il se trouve que… Comment vous dire aujourd’hui c’est vraiment une question qu’on peut plus poser qu’on peut plus se poser c’est-à-dire que enfin..
Mélanie Taravant : il y a une charte quand même Radio France… où il y a des personnes qu’on ne…
Adèle Van Reeth : C’est pas des personnes
Sonia Devillers : il y a une exigence de service public
Mélanie Taravant : le complotisme… certaines… couleurs de discours auxquels on ne souhaite pas donner…
Adèle Van Reeth : nous avons il y a certaines valeurs qui sont au service de l’intérêt général puisque nous sommes une radio publique donc on se doit de servir l’intérêt général dans le cadre de cette émission, nous avons choisi, Radio France, en ce qui concerne par exemple le réchauffement climatique, la cause écologique, de ne pas donner la personne la parole pardon à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique c’est un engagement l’engagement de Radio France au nom d’une valeur qui est à la hauteur de la mission que …
Mélanie Taravant : oui et même chose par exemple à France Télévision
Adèle Van Reeth : ce n’est pas blacklisting de personnes en particulier
Sonia Devillers : je pense qu’on a pris les mêmes précautions pendant le Covid. Évidemment !
Adèle Van Reeth : par ailleurs ces polémiques, et là c’est devenu mon quotidien sont complètement déconnectées de la manière dont nous avons de faire la radio et tout le monde est bienvenu sur France Inter.
Fin de la séquence.
Radio France, France Télévision : c’est tout l’audiovisuel public qui va donc ne donner la parole qu’aux personnes qui alimentent un récit en quelque sort officiel. On ne censure pas des personnes mais des idées. Carrément. Quelles idées ? Tout est dans l’expression : « ne pas donner la personne la parole pardon à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique. »
L’expression est très large… car en réalité, personne ne conteste le réchauffement climatique. Il y a bel et bien un réchauffement, et depuis la fin du petit âge glaciaire (début 19e siècle). Mais tout est dans les détails, et aucun de ces détails n’aura donc droit de cité sur l’audiovisuel public.
Comme si l’on avait des certitudes sur tout, alors que le GIEC fait des hypothèses. Il devient simplement impossible de simplement questionner :
- la part du facteur anthropique dans le réchauffement ;
- la part des Gaz à effets de serre (GES) par rapport à d'autres facteurs (activité du soleil) ;
- la part du CO2 dans ces gaz GES ;
- le caractère jamais vu de ce réchauffement ;
- la vitesse de ce réchauffement ;
- les scénarios qui en découlent.
Cela fait beaucoup d’incertitudes, dont même les travaux du GIEC sont porteurs. Mais il n’y a déjà plus place pour aucun questionnement : tout questionnement devient, pour reprendre les mots de la directrice de France inter une « contestation du fait même du réchauffement climatique ».
Questionner un détail du récit, c’est risquer de contester la totalité du récit. Le réchauffement climatique fait encore l’objet de regards scientifiques croisés au GIEC, mais dans l’espace médiatique, il est déjà devenu un objet de dogme, le sujet d’un récit sacré. On est bien face à un récit, comme on l’a été pour le Covid et comme on l’est pour l’Ukraine ou Isarël en France et dont voici les éléments :
« La Terre ne s’est jamais réchauffée aussi vite – le seul responsable est l’Homme à travers l’émission de gaz à effets de serre - il faut réduire cette émission pour sauver la planète. »
Il n’y a déjà plus qu’un récit possible : les médias, c’est ce que nous dit la directrice, ne doivent pas informer de l’existence de points de vue éventuellement différents, ils doivent alimenter le récit, en ne donnant pas la parole à des éléments potentiellement hétéroclites, à tout ce qui n’entrerait pas dans la construction narrative. C’est la première fois, je pense, que l’on voit ainsi une responsable de média assumer ainsi une ligne éditoriale de censure.
Ce qui est encore plus surprenant, c’est que ce discours ne soulève absolument aucune objection. Il y a donc un consensus sur le plateau pour cette manière de traiter l’information. Il est, du reste, explicitement exprimé par l’animatrice de l’émission.
Ce qui est très intéressant également, c’est ce que dit Devillers à propos du Covid : « On a pris les mêmes précautions avec le Covid. Evidemment ! »
Dans cette déclaration, il faut lire que la journaliste en question n’imagine même pas qu’on aurait pu faire autrement, avoir un autre traitement de l’information relative au Covid.
Pourtant, pendant trois ans, les médias de service public ont donné la parole à des gens qui assuraient, certifiaient, garantissaient, que le vaccin empêchait d’attraper la maladie, stoppait la contagion, et qu’on n’avait jamais eu autant de recul, que le passe sanitaire, puis vaccinal, c’était ce que la science demandait de faire, etc. Autant de discours qui se sont révélé faux. Tous, sans exception, et sur la base de faits vérifiables que je ne reprends pas ici. On pourrait penser que S. Deviller soit aujourd’hui moins affirmative et qu’elle en tire les conséquences en matière de fabrication de l’information sur le climat. Mais non, aucun recul, aucune autocritique.
Pourtant, deux ans après, en Allemagne, la publication des Robert Koch institute Files (RKI Files) montrent toute la part de politique dans la gestion du Covid, loin du sanitaire.
De quoi s’agit-il ?
Depuis le 19 mars 2024, l’Allemagne assiste à des révélations importantes sur la gestion de la crise covid. Le magazine Multipolar, qualifié de complotiste pendant toute la pandémie, a obtenu de la justice plus de 1000 pages des comptes rendus du RKI (l’Institut Robert Koch) en charge de la gestion de la crise sanitaire en Allemagne. Il s'agit de procès-verbaux de réunions s'étant tenues pendant la première année de la crise covid entre le gouvernement allemand et le RKI, ces procès-verbaux ayant été classés sous secret défense. 148 pages sont encore caviardées et Multipolar continue d'ester en justice afin d’obtenir la transparence totale sur cette gestion de la crise covid. La transparence n’est pas encore là. Pourquoi ?
Comme tous les médias allemands depuis que l’affaire est devenue publique, le Berliner Zeitung, journal allemand de référence s’en fait l’écho. Un mois et demi.
https://www.berliner-zeitung.de/topics/rki-files
Mon navigateur traduit l’allemand. Je capture un écran pour vous montrer le ton…
En Suisse aussi, des pages relatives à la gestion Covid ont fuité.
https://www.nexus.fr/actualite/news/covid-files-suisse/
Mais après un mois et demi, ni France Inter ni aucun média français ne parle encore de ces révélations. Il faut visiblement continuer à sauver le récit Covid en France, et espérer que les frontières soient imperméables à la diffusion des informations indésirables. Il faut sans doute pour ces médias protéger les citoyens des discours discordants.
Il faut le voir pour le croire. Voici sur la capture suivante ma recherche sur Google actualités et les résultats de recherche.
L’AFP n’en parle pas, ni aucun média français.
La même recherche avec le moteur de recherche Startpage donne le résultat suivant :
Le seul média qui en parle, c’est France Soir (« complotiste »). On trouve ensuite Dupont-Aignan et, en fin de page, Nexus, média indépendant, qui parle des Swiss Files. Aucune chaine de télé française, aucun quotidien, aucun hebdo…
Mais peu importe. Pour Sonia Deviller, la radio publique continue sans doute à parfaitement remplir sa mission d’information : elle est sans doute encore une fois irréprochable.
Au moment où je finis cet article, une nouvelle qui montre comment notre radio publique veille à la bien-pensance :
https://www.liberation.fr/economie/medias/prepucegate-suspendu-guillaume-meurice-convoque-a-un-entretien-prealable-en-vue-dune-sanction-disciplinaire-par-radio-france-20240502_QJ5ZZNYSURG5LEAA77ZUVMGDX4/
«Prépucegate» : Guillaume Meurice suspendu par Radio France en attendant une éventuelle sanction
Dix jours après le classement sans suite de plaintes le visant notamment pour «provocation à la violence et à la haine antisémite» lors d’une chronique en novembre, l’humoriste a reçu une convocation qui ferait suite à son dernier texte dans lequel il répétait sa blague contre Nétanyahou.
L’animateur a été blanchi par la justice, mais son employeur va le faire taire. « Radio France : pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles ». Je me souviens de ce slogan publicitaire : je devais avoir 15 ans… Il y avait une autre publicité, pour les sono Pathé Marconi : "La voix de son maître". La marque ayant disparu, le slogan est disponible pour France inter !