Le Covid : accélérateur de la destruction du système hospitalier

Le 21/05/2022 0

Article du 21 mai 2022

Depuis quelques années, l’Hôpital tire la sonnette d’alarme.

En janvier 2020, 1000 chefs de service de nos hôpitaux démissionnaient de leur fonction d’encadrement pour tirer la sonnette d’alarme. Il fallait revoir tout le mode de management de l’hôpital, la tarification à l’acte, les suppressions de lit, les cadences de plus en plus infernales et les salaires si bas (les infirmières sont au 28 rang des pays OCDE) que, sans des médecins formés en Tunisie, en Roumanie, et sans les internes soumis à des cadences inhumaines, et maltraités, le système se serait déjà cassé la gueule.

 

Un piqûre… de rappel ici.

https://www.lefigaro.fr/social/plus-de-1000-chefs-de-service-demissionnent-de-leur-fonction-administrative-pour-sauver-l-hopital-public-20200114

C’était en janvier 2020.

Depuis, on a applaudi ces soignants si dévoués tous les soirs du premier printemps Covid.

Et puis le vent a tourné. Pfizer est arrivé : on les a soumis à un chantage, le vaccin ou la fin. Par ici la sortie. Un vaccin inutile pourtant parce qu’il n’empêchait pas la transmission.

Le système hospitalier, depuis 2020 et en épidémie Covid, a encore perdu entre 5000 et 7000 lits chaque année.

Au moins 15000 soignants ne peuvent toujours pas exercer. Leurs collègues vaccinés doivent pourtant aller travailler, même positifs s’ils sont asymptomatiques. Mais le gouvernement a une attitude idéologique : on ne réintègre pas des résistants. Tchatcher et les mineurs pour celles et ceux qui ont des souvenirs.

Pays d’Ubu ? Ou logique de destruction de l’hôpital qui s’accélère grâce au Covid ?

Je vous laisserai juger après ce petit exposé.

Partout les urgences craquent.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/nuit-noire-aux-urgences-1785796

https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/nous-ne-pouvons-plus-accueillir-les-urgences-a-grenoble-l-alerte-des-soignants_2171382.html

https://www.francebleu.fr/infos/societe/les-urgences-de-l-hopital-d-oloron-fermees-jusqu-a-nouvel-ordre-1651857550

https://fr.news.yahoo.com/tensions-hospitali%C3%A8res-120-services-durgences-121217417.html?guce_referrer=aHR0cHM6Ly9uZXdzLmdvb2dsZS5jb20v&guce_referrer_sig=AQAAACWdC6MFEnrZbKoguOL0xiiHUEV8etYDZpAOZ8pzpMG45wg7hv2k-iSzY2yvKP6MwoShSDcCkKSxw30hyX9OaQm1P3RWuf-iYGW6sKR67iSxRJn7rQhk-6lB9nGsQpfngM2SzRc3Hl3KGw_cp02t4QW98wHaop0EvA8kc4r-jsEm

Plus de 120 services d’urgence vont réduire la voilure… ou fermer comme ci-dessus à Oléron « jusqu’à nouvel ordre ». Rupture d’égalité d’accès aux soins, mis en péril de la vie des gens.

Patrick Pelloux, pourtant en plein accord avec le gouvernement sur la politique d’obligation vaccinale, ne le suit plus sur le terrain des urgences :

https://www.bfmtv.com/sante/l-ete-va-etre-atroce-du-jamais-vu-patrick-pelloux-denonce-une-situation-catastrophique-dans-les-hopitaux_AN-202205180673.html

« L’été va être atroce ». Nous voilà prévenus…

Face à ça, regardez le titre du lien ci-dessous, de Sud-Ouest, et regardez bien car ce n’est pas le titre de l’article ensuite :

https://www.sudouest.fr/sante/chu-de-bordeaux-les-urgences-adultes-de-pellegrin-ferment-la-nuit-a-la-bobologie-10950784.php

« Les urgences de Pellegrin ferment la nuit à la bobologie »… Les gens ont des bobos, les vilains, et ils encombrent les urgences. Allez, fini tout ça. Terminée la bamboche ! Les gens prennent plaisir à passer 6 heures dans un couloir faut croire… Honteux. Inqualifiable de la part de ce journal. Si les gens vont aux urgences, c’est d’abord parce qu’ils n’ont plus de médecin traitant, plus de spécialiste non plus avant 6 mois.

La situation est telle qu’en juillet 2021, plus de 200 parlementaires issus de 11 partis politiques ont relayé un projet de référendum pour sauver l’hôpital, revoir le management, redonner des moyens, etc.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/07/un-projet-de-referendum-sur-l-hopital-public-depose-au-conseil-constitutionnel_6087381_3224.html

Ils devaient être plus de 185 pour déposer le projet au Palais Royal… C’était bon, condition réunie… La deuxième condition, c’était que 4,8 millions de Français le demandent ce référendum. Un dixième du corps électoral. Il n’y a jamais eu ce nombre. Pas de référendum. Le Peuple n’a donc pas été amené à dire ce qu’il voulait (on ne sait jamais, cela pourrait ressembler à de la Démocratie, attention !), le gouvernement ne fait rien, McKinsey peut continuer son job.

«  Le gouvernement ne fait rien » : ou plutôt, il profite de la crise Covid pour continuer à détruire le système. La privatisation rampante et croissante de l’hôpital est en marche. Vous la verrez analysée assez clairement dans ce diaporama

https://www.groupe3e.fr/UserFiles/File/3e-consultants/publications/la-privatisation-deguisee-du-secteur-public-hospitalier.pdf

On parle ici d’un cas qui devient un cas d’école en France :

En mars 2019, l’ARS et le conseil départemental du Maine-et-Loire lançaient un appel à repreneur pour l’hôpital public de Longué-Jumelles, confronté à d’importantes difficultés financières.

L’ARS doit trancher sur ce dossier mi-novembre, et décider lequel des 2 candidats ayant déposé un dossier – le CHU d’Angers ou le groupe privé de santé Le Noble âge - reprendra l’hôpital de Longué-Jumelles.

Pour la première fois en France, un établissement hospitalier public pourrait être racheté par le privé, ce qui parachèverait le travail à peine masqué, entreprit par le gouvernement depuis presque 30 ans, devant conduire à la privatisation du secteur public hospitalier.

Cette privatisation est analysée, si vous avez du temps, en 20 pages par Philippe Batifoulier, Nicolas Da Silva, Jean-Paul Domin dans un article de 2018.

https://www.cairn.info/economie-de-la-sante--9782200619510-page-68.htm?contenu=plan

On la voit à l’œuvre aussi dans cet article de presse (pas Sud-Ouest) de mars 2022:

https://basta.media/Privatisation-sante-clinea-filiale-orpea-hopital-public-soins-de-suite-ARS-soins-de-suite

Filiale d’Orpea, entreprise pointée du doigt pour sa gestion des Ephad, Clinéa s’implante dans des hôpitaux publics de villes moyennes. Une « coopération » public-privé dont les conséquences sur les patients et les soignants inquiètent.

Je vous laisse lire la suite. Cela se passe dans la Meuse cette fois.

Le Covid n’est pas responsable de la crise de l’hôpital, il en a juste été un révélateur.

Avec la mise à l’écart volontaire, délibérée, durable, de 15000 soignants, il en est maintenant un accélérateur. Et comme rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail de ceux qui restent, l’effet boule de neige est lancé.

Quand l’hôpital dysfonctionnera à plein, le discours libéral n’aura plus qu’à entonner le refrain « Le Privé fait mieux que le Public » et la France aura liquidé 70 ans de construction d’un des plus beaux systèmes de santé au monde. Au premier rang mondial au début des années 2000 encore.

Qui veut noyer son chien, l’accuse du Covid.

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