Analyses de la crise covid depuis 2020.. suivies d'autres considérations

L’ « extrême-centre » et les « extrémismes » : comment évacuer du débat les partis porteurs de questions sociales ?

Le 25/05/2025

Article du 25 mai 2025

 

Après avoir fait le tour de l’identité de la gauche et de la droite dans l’Histoire et sur ce que cela recouvre aujourd’hui depuis la distinction entre social et sociétal, je voudrais montrer comment la configuration actuelle de l’espace politique français tend à délégitimer et à disqualifier tous les partis qui posent des questions sociales de nature à remettre en cause l’exploitation capitaliste et ses conséquences, auxquelles j’ai consacré un article : explosion des inégalités qui sape l’idée même de démocratie, système prédateur qui repose sur l’exploitation croissante des travailleurs et le pillage des ressources naturelles.

Gauche-droite, la grande confusion, suite et presque fin !

Le 18/05/2025

Article du 18 mai 2025

 

Voici l’avant-dernière étape de la réflexion, le retour au début, à la question initiale. C’est quoi être de gauche et être de droite aujourd’hui en France ?

Je vais d’abord répondre à cette question en me mettant dans les pas de Jean-Claude Michéa, philosophe français critique de la modernité libérale : ceux et celles qui connaissent sa pensée me pardonneront des redites… ou me seront reconnaissants de ma tentative pour mettre à disposition une pensée riche mais touffue et rédigée dans un style assez personnel, pas toujours simple. Pour les autres, bonne découverte !

Le communisme… mais des riches ! La lutte des classes existe bel et bien

Le 01/05/2025

Article du 1er mai 2025

 

J’emprunte une partie de mon titre aux travaux sur la sociologie des riches de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot : les plus aisés, encore moins que les 1% en fait, ont un fonctionnement de mise en commun pour défendre les intérêts de leur classe/caste.  Communisme…

Les classes dominées, exploitées, la France d’en bas comme disait J.-P. Raffarin, les sans-dents comme disait avec beaucoup d’élégance notre Président « socialiste » F. Hollande, les gens qui ne sont rien (Macron, 2017) n’ont plus les repères politiques pour se penser comme classe nombreuse et donc puissante et sont incapables de faire valoir ses intérêts.

Là où cela devient un problème démocratique réel, c’est quand les partis politiques censés les représenter, voire les défendre, ne produisent plus de discours politique à même d’analyser ce qu’elles vivent et de faire des propositions pour changer la donne politique. L’effondrement du parti communiste dans les années 1980-1990, l’adhésion à la politique (néo)libérale du parti socialiste ont laissé un vide politique que LFI a semblé pouvoir combler un temps (entre 2017 et 2022) et qui semble avoir été une occasion perdue. Je reviendrai sur ce dernier point dans un prochain article.

Ce que je veux montrer ici, c’est que dans cette lutte des classes réelle mais ignorée par les classes dominées, la classe dominante a conservé, elle, une très forte conscience de classe, et qu’elle en use à son profit. Le combat est dès lors inégal entre une classe dépossédée, éparpillée et sans conscience et une autre qui sait très exactement où se situent ses intérêts.

Pour comprendre la manière dont cette classe se comporte, je me reporterai aux travaux de Michet Charlot et de Monique Pinçon-Charlot, sociologues spécialistes de la très grande bourgeoisie et des inégalités : eux n’hésitent pas à parler du "communisme des riches" pour dénoncer le système par lequel les élites économiques et financières cultivent une réelle solidarité de classe et bénéficient d’un soutien massif de l’État, alors même qu’elles défendent officiellement le libéralisme et la compétition.

Avant de commencer, je vois les haussements d’épaules : « Les riches, les riches, mais de quoi tu nous parles, Bruno ? C’est pas un peu dépassé, ces notions ? ».

Voici un graphique de 2016, avant la politique de Macron que j’aborde un peu par quelques mesures encore plus favorables :

 

Riches

Parce que j’aime citer mes sources et permettre au lecteur de vérifier, voici le lien :

https://fr.statista.com/infographie/30168/evolution-du-taux-imposition-pour-les-foyers-fiscaux-les-plus-riches-de-france/

Quand je parle de riches, je suis assez magnanime. Je ne parle même pas des 0,1% de la population qui gagnent plus de 640 000 euros par an : 37 800 foyers par an.

Allez, disons que je commence avec les 0,01% de la population, ceux dont les revenus annuels sont supérieurs à 3,27 millions par an. Je vous laisse imaginer les revenus des autres, les 0,001 et les 0,0002 : ces derniers représentent 75 foyers fiscaux en France qui touchent plus de 150 millions d’euros par an : relisez bien, je ne me suis pas trompé.

Et commencez déjà par observer le graphique. Plus vous êtes à droite, moins vous contribuez proportionnellement au collectif. On pense encore que l’impôt est progressif, redistributif ? Il est où le « pognon de dingues » (Macron) qui manque à l’État ? On y revient en fin d’article.

1. Une solidarité de classe au service des ultra-riches

Contrairement à l’idéologie libérale toujours mise en avant par les membres de cette classe, qui ne rate pas une occasion de prôner la responsabilité individuelle et la concurrence, les Pinçon-Charlot expliquent que les grandes fortunes fonctionnent en réalité comme une caste soudée, pratiquant une forme de collectivisme, « communisme », interne.

  • Les grandes familles, les élites économiques et politiques se transmettent richesses et réseaux, garantissant la perpétuation de leur domination.
  • Elles disposent d’un accès privilégié aux instances de décision (gouvernements, conseils d’administration, organisations internationales).
  • Elles utilisent des stratégies d’optimisation fiscale et de lobbying pour protéger leurs intérêts communs. Selon une étude de 2023 de l'Institut des politiques publiques (IPP), les revenus des 75 foyers français les plus riches sont proportionnellement moins imposés que ceux du reste de la population. France inter a fait un reportage sur le graphique que je vous ai donné en début d’article.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/les-francais-les-plus-riches-sont-moins-imposes-que-les-autres-selon-une-etude-5633310

Un taux d'imposition de 26% seulement pour les plus riches

En clair, les 37.800 foyers les plus fortunés, ceux qui touchent plus de 627.000 euros par an, ont un taux d'imposition moyen de 46%. En revanche, ceux qui touchent beaucoup plus, les 0,0002% les plus riches, ne sont imposés qu'à 26% selon les estimations des auteurs de l'étude. Cela concerne 75 foyers fiscaux, dont les revenus dépassent le milliard d'euros.

L’important est que ceci est permis grâce à l’intervention de l’État dont l’impôt, de moins en moins redistributif, perpétue les inégalités. C’est le point suivant.

2. L’intervention de l’État au profit des puissants

Alors que les classes populaires et moyennes sont souvent soumises à des politiques d’austérité, les ultra-riches bénéficient d’une intervention massive de l’État en leur faveur. L’État est bien plus « providence » pour les très très hauts revenus que pour les plus pauvres :

  • Baisse des impôts pour les plus riches (suppression de l’ISF, flat tax sur le capital) :

  • La suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) sous le mandat d’Emmanuel Macron a bénéficié aux plus riches, privant l’État d’environ 3 milliards d’euros de recettes annuelles ;
  • L’introduction de la "Flat Tax" (prélèvement forfaitaire unique de 30% sur les revenus du capital) a réduit la fiscalité des plus fortunés, qui paient proportionnellement moins d'impôts que les classes moyennes.

L'État a allégé la contribution des plus riches tout en imposant aux citoyens ordinaires de compenser le manque à gagner par d'autres taxes (comme la TVA).

  • Niches fiscales et évasion fiscale
  • De nombreuses grandes entreprises (Google, Amazon, Apple, Facebook, etc.) profitent des paradis fiscaux et des montages financiers pour payer un impôt dérisoire par rapport à leurs bénéfices.
  • En France, des dispositifs comme le CIR (Crédit Impôt Recherche :  7,6 milliards d’euros en 2024, un doublement par rapport à 2013 où il était seulement de 3,2 milliards !) permettent à des multinationales de bénéficier d'importantes exonérations fiscales sans contrôle strict de leur utilité. On s’étonne que l’État soit en déficit ?
  • En France, le CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi), une aide massive de 100 milliards d’euros en 5 ans, était censé favoriser l’emploi. Or, il n’a pas empêché les grandes entreprises de licencier ou d’augmenter leurs marges. Créé en 2013 et en vigueur jusqu’en 2017, sans doute trop visible en regard de sa faible rentabilité en termes de création d’emploi, il a été remplacé par un dispositif d’allègement des cotisation sociales patronales, beaucoup moins repérable mais avec le même manque à gagner sur le financement du social.
  • Les scandales des Panama Papers ou des LuxLeaks ont révélé que de nombreux ultra-riches et multinationales pratiquaient une optimisation fiscale agressive avec la complaisance des États.
  • Nationalisation des pertes, privatisation des profits :

Lors des crises financières comme celle de 2008, l’État est intervenu pour sauver les banques qui avaient pris des risques inconsidérés en spéculant mais les bénéfices sont restés privés une fois la situation rétablie.

  • Aux États-Unis, le gouvernement a injecté plus de 700 milliards de dollars via le plan TARP (Troubled Asset Relief Program).
  • En France, l’État a prêté 360 milliards d’euros aux banques et a mis en place des garanties pour éviter leur faillite. On s’étonne que l’État soit en déficit ?
  • En Europe, plusieurs pays ont nationalisé des banques en difficulté, comme l'Irlande ou le Royaume-Uni (sauvetage de la Royal Bank of Scotland).
  • En 2020, au début de la crise du Covid-19, l'État français a soutenu des grandes entreprises comme Air France ou Renault avec des milliards d'euros d'aides publiques. Pourtant, quelques années plus tard, ces entreprises ont supprimé des milliers d’emplois ou augmenté les dividendes versés aux actionnaires.
  • Un autre exemple est celui du groupe nucléaire Areva, qui a accumulé des dettes avant d'être sauvé par une injection de 4,5 milliards d’euros d’argent public en 2017.

  1. L’entre-soi des classes dominantes

Le « communisme » des riches est visible à travers des formes de vie attestant leur existence comme classe consciente.

a. Cercles privés et clubs élitistes

Les ultra-riches se regroupent dans des clubs très fermés où l’entrée est strictement contrôlée : le Cercle de l’Union Interalliée à Paris (réservé aux élites politiques, économiques et aristocratiques) ; le Jockey Club ou le Travellers Club, où seuls les héritiers de grandes familles ou les grands patrons sont admis. Aux USA, le Bohemian Club, un cercle secret où se réunissent chefs d’État, grands financiers et personnalités influentes (Bill Clinton, George Bush, Elon Musk, etc.). À Davos, au Forum économique mondial, se retrouvent chaque année les dirigeants les plus riches et influents du monde, loin des citoyens ordinaires : ils donnent les grandes tendances à suivre et les médias sont leur chambre d’écho.

Davos n’est pas le seul cercle d’influence des très riches. Créé en 1954, le Groupe Bilderberg est une conférence annuelle rassemblant des personnalités influentes du monde politique, économique, médiatique et universitaire, principalement d'Europe et d'Amérique du Nord. Les discussions ne sont ni enregistrées ni publiées, ce qui alimente les spéculations sur son influence. Certains médisants – complotistes ! – y voient un cercle restreint où se dessinent des stratégies mondiales au profit des élites économiques et politiques. Plusieurs figures politiques majeures y ont participé avant d’accéder à des postes importants (Bill Clinton, Emmanuel Macron, etc.) : Bruno Lemaire y était en 2019, Gabriel Attal en 2023.

Ces clubs et conférences permettent aux élites de se retrouver entre elles, d'échanger des informations stratégiques et de renforcer leur domination sur l’économie et la politique mondiale.

b. quartiers et résidences ultra-sécurisés

Les ultra-riches vivent dans des endroits isolés du reste de la population : à Paris, c’est le Triangle d’Or (16e, 8e arrondissement, Neuilly-sur-Seine). À Londres, les quartiers de Mayfair, Knightsbridge et Kensington sont prisés par les milliardaires. Aux États-Unis, des "gated communities" (lotissements privés ultra-sécurisés) comme à Bel Air et Beverly Hills en Californie, ou à Palm Beach en Floride, garantissent un entre-soi total.

c. de l’école au mariage entre-soi

Les ultra-riches scolarisent leurs enfants dans des établissements privés et hors de prix :

  • En France : Saint-Louis-de-Gonzague (Franklin), Stanislas, l’École Alsacienne.
  • En Angleterre : Eton College, où ont étudié la plupart des Premiers ministres britanniques.
  • Les lycées privés suisses comme l’Institut Le Rosey, où la scolarité coûte plus de 130 000 € par an. On trouve de nombreuses écoles de tourisme-hôtellerie sur la Riviera de Montreux, avec des coûts annuels ordinairement supérieurs à 80000 euros. La classe dominante du monde entier y envoie ses enfants. On achète son ticket d’entrée dans un monde professionnel de l’entre-soi. Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation, y a scolarisé ses deux filles : il se plaignait de sa retraite insuffisante. On comprend pourquoi.

Dès l’enfance, cette classe s’assure que ses enfants évoluent uniquement parmi les élites économiques et politiques, garantissant la perpétuation de leur domination. Naturellement, les ultra-riches privilégient les mariages entre familles du même monde, pour conserver le patrimoine et renforcer leur pouvoir. Des événements comme le Bal des Débutantes rassemblent la jeunesse dorée mondiale, facilitant la formation de couples au sein de l’élite. Les « rallyes », rien à voir avec les courses automobiles, organisés pour les adolescents et adolescentes en sont des formes régionales

  1. Les ultra-riches et la bunkerisation verte et dorée

Que font actuellement les ultra-riches ?

Ils prévoient que la lutte des classes et les problèmes de l’accès aux ressources essentielles vont finir par leur compliquer la vie à eux aussi. Alors, ils investissent dans des endroits préservés, loin des foules. La Patagonie, la Nouvelle-Zélande. Ils achètent des iles, c’est plus facile de s’y isoler incognito et d’être inaccessibles. Si vous voulez des exemples, prenez un peu de temps pour lire cet article de Monique Pinçon-Charlot. https://www.slate.fr/societe/bonnes-feuilles-les-riches-contre-la-planete-violence-oligarchique-chaos-climatique-monique-pincon-charlot-editions-textuel-dereglement-climat-survivalisme-milliardaires-environnement-capitalisme 

C’est très documenté, on y voit ce genre d’investissement de précaution, de repli, et en même temps de parfait green washing : ces gens disent se préoccuper de la planète. En achetant des milliers d’hectares préservés, ils affichent faire œuvre utile. Green washing parfait !

4. Les réseaux d'influence et le lobbying politique

Mais le plus important est l’investissement des ultra-riches dans la fabrique de l’opinion et dans le fait qu’ils s’assurent, en démocratie, d’avoir des gouvernant qui défendent leurs intérêts. Les ultra-riches financent les campagnes électorales de politiciens qui défendront leurs intérêts. On cite souvent le soutien le Musk à Trump. Mais c’est la même chose côté démocrate : Michael Bloomberg, ancien maire de New York et fondateur de Bloomberg LP, l'un des plus grands fournisseurs mondiaux d'informations financières et de services aux investisseurs, a contribué à hauteur de 50 millions de dollars au Future Forward PAC, un comité d'action politique soutenant la candidature de Kamala Harris. Bill Gates y est allé aussi de ses 50 millions de dollars, Ce Future Forward PAC a collecté plus de 700 millions de dollars pour soutenir la campagne de Kamala Harris en 2024. Au final, une campagne à plus d’1 milliard de dollars https://www.thetimes.com/world/us-world/article/kamala-harris-campaign-spend-democrats-election-2024-p6wppv7fx?utm_source=chatgpt.com&region=global.

Ne soyons pas surpris si les investisseurs (ceux qui soutiennent un candidat) attendent ensuite un retour sur investissement. Actuellement, ce sont les soutiens de Trump qui présentent la note : Elon Musk et ses 70 millions, Miriam Adelson, veuve du magnat des casinos Sheldon Adelson, pour 90 millions de dollars. En avril 2024, une douzaine de hauts dirigeants du secteur pétrolier, dont Mike Sabel (PDG de Venture Global LNG) et Jack Fusco (PDG de Cheniere Energy), ont assisté à un dîner de collecte de fonds au club Mar-a-Lago de Trump. Lors de cet événement, Trump leur a demandé de contribuer à hauteur d’1 milliard de dollars à sa campagne, en échange de promesses de lever certaines réglementations environnementales.

Les ultra-riches possèdent non des médias mais les médias. Retracez dans la carte ci-dessous les possessions médiatiques de Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Rodolphe Saadat, Xavier Niel, Dassault, Bettencourt. De quoi très largement façonner l’opinion publique et diffuser les deux faces de la même idéologie : pensée unique libérale en économie, pensée unique « progressiste » au plan sociétal.

 

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Conclusion

La mise en évidence du communisme des riches, concept repris des travaux des Pinçon Charlot, permet de critiquer la vision utopique d’un capitalisme contemporain dans lequel les identités de classe ne seraient plus pertinentes.

Si, comme je l’ai montré dans l’article précédent, les classes dominées ont perdu leur conscience de classe, ce n’est pas du tout le cas de la partie supérieure de la classe qui fonctionne consciemment dans une logique de solidarité de classe assurant sa protection, aux dépens du reste de la population.

Les plus fortunés socialisent leurs risques et pertes, tout en continuant à accumuler du capital dans un cadre structuré et favorable. Le rôle des États dans ce processus doit être questionné : Emmanuel Todd parle d’élites stato-financières, parce que ceux que l’on appelait avant les « serviteurs de l’État » ont mis ce dernier au service des intérêts des plus riches : l’entrée du cabinet américain Mc Kinsey dans tous les ministères Macron en est un des plus beaux symboles. Mais le fait que Macron était un associé (un associé n’est plus un salarié : il fait partie des propriétaires de l'entreprise ou de la société de gestion. Il détient des parts (equity) dans la structure et participe aux décisions stratégiques. …) de la banque Rotschild avant de devenir Ministre des finances, puis Président en est un autre !

Quand Macron disait que l’aide sociale coûtait à l’État une « pognon de dingue », il détournait le regard des vrais bénéficiaires. Les aides massives de l’État permettent aux très riches, quelques dizaines, centaines de familles, d’échapper aux règles qu’ils imposent aux autres.

Tout ceci va bien entendu à l'encontre du discours libéral qui valorise la responsabilité individuelle et la méritocratie, alors qu'en réalité, les plus riches bénéficient d’un véritable "filet de sécurité" financé par l’argent public.

Si la lutte des classes semble morte, ce n’est pas parce que les classes n’existent plus mais parce que le combat a cessé faute de combattants. Les dominés ont quitté la partie, pensant participer par quelques miettes qui retombent au festin capitaliste ; ils n’ont plus la conscience d’être dominés et les discours politiques des partis qui devraient les défendre ne leur donnent pas les moyens de penser leur situation.

D’autre part, ces mêmes discours accentuent les clivages et tracent des lignes de partage entre les membres des classes dominées : fonctionnaires contre travailleurs du privé, travailleurs avec un contrat contre travailleurs précaires, travailleurs en emploi contre chômeurs, nationaux contre étrangers, autochtones contre migrants, classe moyenne en voie de paupérisation contre plus pauvres qu’eux.

Pour E. Todd, la bonne lutte des classes, ce serait que tous ces groupes qui coulent ensemble arrêtent de regarder vers le bas, en essayant de faire plus minable celui qui est en dessous, et se remettent à regarder vers le haut. Ils verraient alors quel est leur persécuteur réel, l’aristocratie financière. https://www.marianne.net/politique/emmanuel-todd-en-bas-l-intelligence-progresse-tout-comme-le-taux-de-cretins-diplomes-en

Il me reste à montrer encore au moins deux choses dans ce parcours politique :

  • Pourquoi et comment ceux qui tentent encore en France de proposer une analyse sociale et économique sont désormais inaudibles, marginalisés ? Et donc évacués du jeu politique « normal » ? Ceci vaut pour la gauche, mais aussi pour la droite. En miroir, on observera que toute volonté de restaurer une souveraineté politique nationale, qui peut être un pas dans la remise en cause du capitalisme financier, est désormais taxé de « politique d’extrême-droite », avec le même effet : discréditation. C’est le prochain article.

  • Pourquoi les discours politiques des partis qui pourraient représenter les intérêts de cette classe sont aujourd’hui plus centrés sur les questions sociétales que politiques et économiques. Pourquoi les partis dits de gauche n’en sont plus vraiment et comment ce glissement s’est-il opéré ? On observera quels effets cela a pu avoir dans l’Histoire récente, et dans la recomposition des lignes entre droite et gauche, difficiles à lire parfois. Ce sera le dernier article de la série.

Disparition des classes sociales ou de la conscience de classe ?

Le 23/04/2025

Article du  23 avril 2025

 

Un des arguments du centrisme politique consiste à dire que si la gauche n’a plus rien à proposer en matière économique, plus d’alternative possible, c’est parce que la lutte des classes n'existerait plus ou qu'elle aurait perdu de sa pertinence. Dès lors il suffirait de gouverner juste pour le bien commun, tout le monde bénéficiant du pacte économique et social actuellement à l’œuvre. Voici les arguments qui sont le plus souvent utilisés… et quelques éléments de leur réfutation.

L’art de gouverner par le catastrophisme : kits en tous genres !

Le 05/04/2025

Article du 5 mars 2025

 

Ça a commencé pour moi en 2024. En avril. J’ai vu apparaître, recommandé par la Croix-Rouge française ce que des spécialistes de marketing sans doute bien rémunérés avaient baptisé des « Catakits ». C’est joli, non ? Kit, kitty, chatons…

Être de droite, être de gauche ? (2) Comment on est passé de l'économique et social au sociétal.

Le 05/04/2025

Article du 5 avril 2025

 

Cet article a pour seul but de confronter les idées de gauche et de droite et les courants politiques historiques qui les ont incarnés. Il n’a d’autre ambition que de mieux mesurer la tension qui existe entre idéal et réalité… et de chercher à comprendre peut-être le désamour des classes populaires pour les incarnations actuelles de la gauche au plan politique. On commencera peut-être aussi à comprendre pourquoi sur certains points le brouillage idéologique s’est installé.

Droite-gauche en 2025 : la grande confusion (1)

Le 29/03/2025

Article du 29 mars 2025

J’entame une série d’articles dont je ne sais trop encore où elle va me mener sur les notions de gauche et de droite dans la politique française.

Cette série naît de plusieurs conversations que j’ai eues avec des proches ou des amis… de droite, ou qui se disent tels. Et qui me renvoient à une identité de gauche dont je me réclame. Entre eux et moi, il y a pourtant beaucoup de terrains communs, sinon on ne serait pas amis. À commencer par les terrains de pétanque ou de tennis. Je vais donc simplement commencer cette série par des anecdotes, des tranches de vie ; l’analyse viendra plus tard.

« Pensions ou munitions ? » : la fabrique du consentement à « l’effort de guerre »

Le 23/03/2025

Article du 23 mars 2025

 

Je prépare une série d'articles sur droite et gauche, cela me prend du temps. Et, une fois n'est pas coutume, je vous copie ci-dessous le contenu d'un article d'Acrimed, site d'analyse des discours médiatiques. Même ton et même type d'analyse que les miennes, très bien documenté. Un peu de publicité (gratuite) donc, en attendant que je publie le premier de ma série sur les évolutions de la pensée politique (en France). C'est de Pauline Perrenot, le 13 mars, et c'est ici : https://www.acrimed.org/Pensions-ou-munitions-la-fabrique-du-consentement. Mais pas besoin d'y aller, j'ai copié son texte.

 

 

Vite, vite, sacrifions nos économies !

Le 15/03/2025

Article du 15 mars 2025

Devant une menace toujours accrue de… trêve et de fin des hostilités, Ursula von der Leyen accélère. Il ne faudrait pas que la réorientation de l’économie européenne soit stoppée net si près du but !

Quelle indépendance européenne ? Quelle « Europe de la défense » ?

Le 09/03/2025

Article du 9 mars 2024

 

Nos dirigeants européens se haussent du col pour appeler à l’effort de guerre, instaurer dans tous nos pays une « économie de guerre ». Dans l’article précédent, j’ai avancé trois explications à cela – asseoir son pouvoir de chef d’État quand on est contesté, nourrir de capital frais le lobby militaro industriel, trouver un motif de couper dans les dépenses sociales et liquider les restes d’un État redistributeur.

Je vais un peu développer en ajoutant encore deux éléments : pourquoi la menace russe relève de l'affabulation, pourquoi la transformation en économie de guerre n’est qu’un avatar supplémentaire de la vassalisation envers les USA et non le début d’une indépendance européenne.

La fuite en avant des Européens, marche vers l’abîme.

Le 05/03/2025

Article du 5 mars 2025

 

Depuis février 2024, quelques dirigeants européens, Macron en tête, ne rêvent que de conforter leur pouvoir en exploitant la guerre comme instrument de politique intérieure.

Comprendre la nouvelle géopolitique trumpienne

Le 02/03/2025

Article du 2 mars 2025

L’Histoire semble s’emballer et prendre un nouveau cours, avec Trump qui s’aligne sur Poutine dans l’affaire ukrainienne et qui engage un bras de fer avec Zelensky pour un cessez-le-feu, quand bien même l'intégrité territoriale de l'Ukraine ne serait au final pas respectée. Les Européens crient à l'abandon et les voici qui se montent du col pour essayer de garantir l'intégrité ukrainienne.

Et si vous repreniez un peu de grammaire ?

Le 12/02/2025

Une fois n'est pas coutume, ce blog ne va pas chercher la petite bête, aucun pou à déloger sur la tête de personne, aucun caillou dans la chaussure. J'en ai fini avec ma liste de mots qui peuvent prendre un x au pluriel : j'aurais eu du mal à caser hibou !

J’ai le plaisir d'annoncer ici aux quelques personnes qui me lisent le lancement d’un projet de description grammaticale des langues du monde à partir de schémas communs. Vous êtes maintenant environ 900 chaque mois, que je ne connais pas pour la plupart, qui lisent sans troller et ceci est tellement agréable ! Merci de votre présence croissante : nous partîmes 40 !
 

Les soldats nord-coréens : Atlantes ou Lémuriens ?

Le 01/02/2025

Article du 1er février 2025

La débandade… de l’information !

Au milieu des années 1990, je découvrais avec beaucoup d'amusement un documentaire de la télévision française sur la secte du Mandarom dirigée par le gourou Gilbert Bourdin.

L’Union européenne : réseaux sociaux, censure et détournement d’élections

Le 30/01/2025

Article du 30 janvier 2025

 

Je termine ces réflexions sur Pouvoir, information et censure avec quelques réflexions sur le positionnement de l’UE et des pays européens.

L’article sur Zuckerberg et Musk a montré que les Républicains renouaient avec une conception libertarienne de la liberté d’expression qui les conduit à cesser de vouloir contrôler de manière verticale (par le Pouvoir et/ou par le biais de personnels rétribués qui auraient la capacité de discerner le vrai du faux) pour lui préférer un contrôle horizontal par les utilisateurs eux-mêmes sous la forme de la rédaction de notes de commentaires.

Musk, Zuckerberg, l’Europe et la liberté d’expression

Le 20/01/2025

Article du 20 janvier 2025

Pour Elon Musk, la liberté d’expression, c’est d’abord la sienne. Pour être sûr de pouvoir l’ouvrir quand il veut, il s’est acheté un média, rien de moins que le réseau social Twitter, qu’il a rebaptisé X et chez qui il a viré un grand nombre d’employés.

Trump, le révélateur

Le 18/01/2025

Article du 18 janvier 2025

 

J’entame une série de réflexions sur la manière dont va le monde et sur la fabrique de l’information, sujet essentiel en démocratie. Rien que ça ! Si je le fais, c’est d’abord pour moi, pour essayer d’y voir clair.

La fabrication de l’information : y aura-t-il des soldats nord-coréens à Noël ?

Le 30/12/2024

Article du 30 décembre 2024

Je reviens après de longues semaines sans rien écrire. Plusieurs raisons à cela. Un ami est tombé récemment sur un extrait de film dans lequel Pierre Arditti dit gravement : « Le problème, quand tu chasses la connerie, c’est qu’il y a trop de gibier. »

J’ai commencé par chasser les certitudes débitées par des experts de plateau sur une maladie dont ils nous disaient ne rien savoir – sauf qu’elle ne se soignait absolument pas et qu’il ne fallait surtout pas aller voir son médecin et seulement prendre du Doliprane ! Puis, j’ai élargi mon gibier avec les experts de plateau et les politiques qui nous disaient que la Russie avait fait sauter Nord Stream, son propre gazoduc, juste pour montrer de quoi elle était capable ! On sait aujourd’hui que c’était l’Ukraine. Mais le gibier est trop nombreux. Vraiment. Alors, j'écris moins...

Et puis, je n’aime pas beaucoup, au final, cette position que ce blog me donne. L’éclaireur, celui qui verrait plus loin ou mieux… Celui qui aurait raison. J’ai fait cela pour informer mes amis, parce que je passe plus de temps que la moyenne à chercher et à vérifier avec des sources. J’ai pu, j’espère, montrer quelques trucs au passage, fait ouvrir quelques yeux et prendre du recul. Mais je n’aime pas beaucoup cette position que j’endosse, le temps de l’écriture. Alors je vais me faire de plus en plus rare.

J’y reviens encore une fois sur un sujet qui m’intrigue depuis deux mois, les soldats nord-coréens qui combattraient dans la région de Koursk. Le même angle toujours : celui de la fabrication de ce qu’on appelle "l’information". Car au fond, c’est mon unique sujet, celui qui compte, celui qui joue un si grand rôle dans ce que l’on appelle encore nos « démocraties »! Mais quand on voit comment cette information se fabrique…

Je précise que je ne suis pas allé sur le terrain et que je ne sais strictement rien de ce qui s’y passe. Cela vous fait rire ? Et vous avez raison : Bruno parle depuis son canapé.

Depuis ce canapé, je ne suis pas en mesure de dire si des soldats nord-coréens se battent ou pas à Koursk. Mon opinion est que non. Et si je me trompe, vous pourrez vous foutre de moi gentiment… Je donne ici mon opinion, je ne la présente pas comme une information ! Contrairement à d'autres...

Mais les experts de plateau de BFM, de LCI, des journalistes de France Culture, et de toute la presse française sont eux aussi assis dans leur canapé mais eux prétendent délivrer de l’information. Voyons un peu comment elle s’est fabriquée.

1. Premières annonces

Début novembre, on voit apparaître une nouvelle. Je laisse la parole à France Culture, du 3 novembre

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-esprit-public/soldats-nord-coreens-en-russie-une-internationalisation-de-la-guerre-4203544

« Des milliers de soldats nord-coréens ont semble-t-il été envoyés en Russie pour combattre sur le terrain : au risque d’internationaliser encore un peu plus ce conflit ? »

Dans le titre de l’émission, on voit que c’est la Russie qui, faisant cela, ferait un un nouveau pas vers une guerre mondiale.  Sur quoi se base France Culture ? Sur quels éléments tangibles ?

S’agit-il d’un tournant de la guerre en Ukraine ? Pour la première fois depuis l’attaque menée par la Russie en février 2022, un pays tiers aurait donc envoyé des troupes pour combattre sur le terrain. Ils seraient 10 000 soldats nord-coréens déjà déployés dans la région de Koursk en Russie : c’est en tout cas ce qu’affirme Volodymyr Zelensky. Propos confirmés par les dirigeants sud-coréens et par le Pentagone, le département américain de la Défense. La proximité entre Moscou et Pyongyang n’est plus à démontrer. En dépit des sanctions dont elle fait l’objet, la Corée du Nord livre des armes à la Russie. En juin dernier, Vladimir Poutine et Kim Jong-Un ont même signé un partenariat stratégique lors d’une visite du premier chez le second.

Il faut remarquer l’emploi du conditionnel, que je mets en gras, et du "semble-t-il". On n’en est qu’à l’hypothèse. à ce stade. Les sources ? Zelensky, le Pentagone, les dirigeants sud-coréens, et le département américain de la Défense. En gros, on s'aperçoit que c’est toujours la même source quand on a un minimum de connaissances géopolitiques.

L’émission réunit pendant 24 minutes 4 débatteurs. Ils vont débattre d’hypothèses, pas de faits, d’allégations américaines et ukrainiennes. Bertrand BADIE, Professeur en relations internationales affirme :

De la part de la Corée du Nord, c'est une double démonstration. C'est d'abord la démonstration de ce qui est un peu une folie stratégique de M. Kim Jong-un, c'est-à-dire, je ne suis pas seulement une puissance régionale, je suis une puissance mondiale.

L'expert de plateau a déjà abandonné le conditionnel.

Le 26 novembre, LCI fait une émission au titre alléchant :

Ukraine : 100 000 soldats nord-coréens en Russie prêts à combattre ?

https://youtu.be/549mygztP6Y?si=d8QYlwqYligyKPR- 

En deux semaines, on est passé de 10000 déjà sur place à 100000 bientôt. En un coup de cuillère à pot. Ce qui le permet, c’est l’espace du point d’interrogation. En effet, c’est juste une hypothèse ! On peut débattre de tout dans une information libre, non ? Certes… mais s’appuyer sur des faits, dans une information tout court, c’est bien aussi un peu la base, non ? Sinon pourquoi pas 200 000, un million ?

La journaliste introduit le sujet :

Des soldats nord-coréens qui vont donc très prochainement combattre au côté des soldats russes pour repousser les Ukrainiens dans la région de Koursk ça va se produire très prochainement.

Elle dit l’information, elle utilise l’indicatif, il n’y a plus de conditionnel. Futur proche…Mais la suite montre qu’elle n’a toujours pas d’info : elle rapporte les propos américains.

... c'est ce qu'affirme le chef de la diplomatie américaine, on écoute le chef du Pentagone on écoute Lloyd Austin :

«  Les Nord-Coréens sont-ils effectivement engagés ou pas dans les combats ? Bien que nous n'ayons pas vu de rapport significatif à ce sujet jusqu'à maintenant, il y a quelques jours j'ai déclaré qu'environ 10000 soldats nord-coréens étaient présents dans la région de Koursk et avaient été intégrés aux formations russes. Compte tenu de la formation des soldats nord-coréens et de leur intégration dans les formations russes ,je m'attends pleinement à les voir s’engager au combat. »

Le chef du Pentagone dit lui-même n’avoir aucun rapport factuel et dit s’appuyer… sur sa propre déclaration ! Cela fait bien mince, comme faits…

Puis on demande son avis au général de plateau, Dutartre, qui vient de sortir de son canapé, et qui dit que ce n’est pas confirmé encore mais que oui, il y a des sources… quelles sont ces sources ? Des sources « de renseignement ».  On n’a pas avancé d’un pouce. L’émission se poursuit, on se demande comment Coréens et Russes vont se battre ensemble :  on est déjà passé au comment, on est déjà au tour d’après. Puis la « journaliste », qui est encore dans son canapé, dit :

Alors vous voyez chiffre de 100000 sur votre écran parce que, on évoque déjà ce chiffre, Aline Leball-Kremer, Nicolas Tenzer, ils sont aujourd'hui 10000 mais par un jeu de rotation on pourrait atteindre ce chiffre là... qu'est-ce que ça signifie ce passage à... voilà une armée de masse.. hein littéralement ! Aline peut-être.

"Ils sont aujourd'hui 100000", "armée de masse" : le discours de la peur est en marche. On a encore un conditionnel ("pourrait"), il va être vite abandonné par les pseudo-«débattants», en fait tous d’accord entre eux. Au fur et à mesure de l'émission, les conditionnels disparaissent, les hypothèses sont devenues de l’information.

Voilà comment ce soir-là, à une heure de grande écoute, on a fabriqué de l’information. À la base, aucun fait, seulement des déclarations du chef du Pentagone. Ni France Culture début novembre, ni LCI le 26 ne sont sortis de leur canapé pour aller sur le terrain chercher ces soldats nord-coréens. LCI montre des images de Coréens en treillis dans un lieu et un temps totalement non identifiables, mais comme on nous dit que c’est Koursk : "quelques rares images"… On est priés d'y croire !

Ni Moscou ni Pyongyang n'ont jamais confirmé. Mais on s'en fout ici. On a la voix des USA et de Zelensky et cela devrait nous suffire comme vérité, non ? J'ai même entendu un animateur de BFMTV dire il y a quelques jours sur son plateau que la question de la participation des Coréens était un "sujet tabou" pour Moscou. Tabou ou inexistant ?

2. Première preuve... et dernière à ce jour

Depuis début novembre, toujours aucune trace de ces 10000 (ou 100 000… ou 12000 parfois) coréens.

De temps à autre, des titres annoncent des centaines de morts coréens, qui seraient utilisés par les Russes comme « chair à canon », victimes de leur inexpérience et de la folie sanguinaire de leur allié, bien connue…

BFMTV, le 17/12/24

https://www.bfmtv.com/international/asie/coree-nord/au-moins-100-morts-ce-l-on-sait-sur-les-soldats-nord-coreens-se-battant-avec-la-russie-contre-l-ukraine_AD-202412190379.html

« Au moins 100 morts », « ce que l’on sait sur les soldats nord-coréens se battant avec la Russie ».

BFMTV serait-il enfin sorti de son canapé ? Pour une chaine d'info qui n'hésite pas à poster des envoyés spéciaux sur des marchés de Noël, on comprendrait !

La Corée du Nord subit des pertes face à l'Ukraine.

Le député sud-coréen Lee Sung-kwon a déclaré à la presse qu'"au moins 100 soldats nord-coréens" ont été tués depuis l'entrée en guerre du régime dictatorial contre l'Ukraine, rapporte la BBC ce jeudi 19 décembre. L'élu s'est adressé à des journalistes après un point effectué au Parlement par le Service national de renseignement de Corée du Sud.

La première phrase est à l’indicatif. La suite montre que ceci n’est en réalité qu’une déclaration… d’un député sud coréen !

Le 27 décembre, La Dépêche qui informe et forme l’opinion dans le sud-ouest, titre sur 3000 morts, rien que ça.

https://www.ladepeche.fr/2024/12/27/guerre-en-ukraine-impreparation-barriere-de-la-langue-mal-nourris-plus-de-3-000-soldats-nord-coreens-tues-ou-blesses-12414470.php

La barrière de la langue, l’absence de nourriture… On a les analyses, les explications. Mais où sont les faits ? Les morts, les preuves ? Les « évidences » comme ils disent ?

Depuis deux mois, les informations ressassent donc des éléments de langage délivrés par les services ukrainiens, américains et sud-coréens. Sans aucun élément tangible. Pourtant 100 morts ici, 3000 là, des blessés : ça doit laisser des traces non ? Les journalistes de guerre, ils font quoi ? 10000 soldats, ça passe pas inaperçu, non ?

Alors le 27 décembre, on en capture enfin un vivant ! "Miracolo", comme disent les italiens !

https://www.midilibre.fr/2024/12/27/guerre-en-ukraine-un-soldat-nord-coreen-blesse-capture-et-fait-prisonnier-par-kiev-une-premiere-dans-le-conflit-12415151.php

Manque de chance… il est mort trop rapidement !

L'armée ukrainienne a fait prisonnier un soldat nord-coréen déployé pour la combattre en soutien à la Russie, ont rapporté vendredi les renseignements sud-coréens, une première depuis que Kiev et les Occidentaux ont fait état de la participation de troupes de Pyongyang au conflit.

Le soldat capturé est décédé des suites de ses blessures, a annoncé l'agence de renseignement sud-coréenne : "Il a été confirmé, par l'intermédiaire d'une agence de renseignement alliée, que le soldat nord-coréen capturé vivant le 26 décembre vient de succomber suite à l'aggravation de ses blessures", a indiqué l'agence de renseignement dans un communiqué.

Mais on a fort heureusement eu le temps de trouver sur lui un providentiel journal intime, dans lequel il détaille les tactiques, les conseils, son histoire personnelle. Étonnant, non ? Prenez une personne asiatique, baptisez-la nord coréenne et le tour est joué. D'autant que dans la Russie qui va jusqu'au Kamtchatka, on trouve des Asiatiques...

Libération se dépêche d'exhiber cette preuve. En souligne le caractère inédit ! C'est dire combien on manque d'éléments tangibles.

Une image contenant texte, neige, capture d’écran, nature

Description générée automatiquement

Et à l’appui, Libé montre une autre image, publiée par Zelensky lui-même le 17 décembre : pauvre cliché qui ne montre rien. Et les troupes nord-coréennes seraient là ! Et nous, priés d'y croire ?

3. À quoi cette « information » a-t-elle servi ?

Merci Radio France de nous expliquer l'utilité de ce conte de Noël : la chaîne publique le fait le 18 novembre 2024, une dizaine de jours après l’annonce des 10000 nord-coréens à Koursk.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-info-de-france-inter/l-info-de-france-inter-7321823

C'est un revirement stratégique d’ampleur pour Washington, et une demande de longue date de la part des Ukrainiens. Ces missiles ATACMS doivent servir, dans un premier temps, à protéger la région russe de Koursk, tenue par Kiev. Mais qu'est-ce qui a fait changer d'avis Joe Biden ?

C’est l’arrivée en Russie de 10 000 soldats nord-coréens, venus aider Moscou à reprendre cette région de Koursk, qui aurait finalement décidé Washington à donner son feu vert à l’Ukraine. Après des mois de débats avec ses conseillers, Joe Biden autorise donc Kiev à frapper la Russie sur son propre territoire, avec les missiles ATACMS d’une portée de 300 kilomètres, déjà fournis par les Américains.

Et les Ukrainiens se réjouissent, selon France Inter !

En Ukraine, on se réjouit : "Enfin !"

C'est la première chose que se sont dit les Ukrainiens en apprenant la nouvelle dans la soirée : voilà des mois que le pays attendait cette décision de la part des États-Unis. Comme l'évoque un soldat, très enthousiaste, à notre micro, cette décision de la part des États-Unis va "donner de l’espoir" à ceux qui se battent sur le front. Les militaires sont fatigués, il faut accélérer, dit-il, le cours de la guerre pour qu’il y ait enfin des changements.

Quels Ukrainiens de réjouissent en fait ? Ceux qui vont recevoir un bombe nucléaire en retour ? Qui a intérêt à cette escalade, juste quelques jours après l’élection de Trump, qui dit vouloir cesser le conflit ?

Tout l’intérêt de cette histoire aura été, début novembre, de légitimer la possibilité accordée à l’Ukraine de tirer des missiles longue portée au cœur du territoire russe, au risque d’une réponse nucléaire. Les Russes avaient internationalisé le conflit avec l’arrivée des Coréens ? Il fallait vite changer de tactique ! Et si ce n'étaient pas les Russes qui avaient franchi un nouveau pas ?

Si tout cela ne rappelle pas la manupulation des armes de destruction massives irakiennes…

Conclusion

Ma conclusion est que je ne sais rien de la présence ou de l’absence des Coréens à Koursk ; je n’ai pas quitté mon canapé. Je ne demande qu’à être détrompé ! Pas grave !

Mais pour cela, j’attends des médias qu’ils envoient des gens sur le terrain.

Reprendre des discours d’agences de renseignement étrangères s’appelle être un « agent propagandiste au service de puissances étrangères » , pas faire métier de journaliste. Et si les médias français unanimement sont des agences propagandistes, ils ne jouent pas le rôle attendu d’eux en démocratie et ne méritent que notre défiance. Tout ceci sous l’œil complice du Pouvoir … encore français ?

Tout tout tout, vous saurez tout sur le Zizi… et sur le vaccin Covid !

Le 05/10/2024

Article du 5 octobre 2024

J’avoue que voilà un titre bien putassier, destiné à attirer l’attention des lecteurs en cet automne à la fois pluvieux et terriblement chargé en actualité relativement peu réjouissante. Cela fait quelque temps que j’ai envie d’écrire sur la manière dont l’information qui peut passer par les réseaux sociaux fait l’objet d’une surveillance de plus en plus étroite de la part des gouvernements des pays occidentaux, et je ferai une prochaine livraison sur ce thème.

Bas les masques ! On ne remerciera jamais assez Macron de cette clarification…

Le 08/09/2024

Article du 8 septembre 2024

Je n'aime pas trop faire des articles de politique polticienne. Je préfère m'intéresser à la manière dont les discours (Covid d'abord, puis autres) façonnent l'exercice démocratique. Mais le sujet du jour a vraiment trait à notre exercice démocratique français, alors... À vrai dire, je voulais d'abord faire une livraison sur le Pouvoir et les réseaux sociaux (X, Facebook, Telegram): l'actualité française a relégué ce sujet à une future livraison !

Il y a fort à parier que bien des lecteurs ne partagent pas sur le fond mes options poltiques mais ce ne sont pas celles-ci que je veux faire partager - je ne prêche pas pour un camp : c'est encore et toujours une réflexion sur le fonctionnement du système que je propose (certes vu à travers ma sensibilité propre) et, sur cela, il y a de quoi partager me semble-t-il, en dépit des possibles divergences d'opinion et de vision.

Le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier… Mais elle reste parfois au sous-sol !

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Article du 17 août 2024

Quelques semaines sans article de blog, ça fait du bien. J’en ai un peu marre parfois de m’indigner : je ne lis pas moins la presse, mais je laisse passer. Cela me fait des vacances, cela me fait du bien. Sans doute aussi à mes quelques lecteurs et lectrices à qui je fous un peu la paix, parce qu’être toujours tiré par la manche, ça fatigue aussi, j’imagine ! En mai, j’ai écrit un livre qui, s’il est un jour édité, s’appellera La démocratie globalitaire. Gouverner par la peur. J’ai pu y mettre noir sur blanc et de manière vraiment circonstanciée tout ce qui ne me va pas dans les rapports entre Pouvoir, médias, science et citoyens. Un bel exutoire personnel de 230 pages, illustré de trois thématiques : Covid, crise climatique, Russie.

Statistiques étranges et consensus scientifique sur le réchauffement humain

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Je suis actuellement en phase de rédaction d'un futur ouvrage : Les démocraties totalitaires. Gouverner par la Peur. Vous avez peu en voir quelques accents dans des livraisons précédentes. Aujourd'hui, j'en extrait un passage relatif à  ce que j'appelle le Récit Gaz à effet de serre de la Peur. Dans ce récit, l'homme et son activité sont seuls responsables et doivent changer leur mode de vie radicalement.

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Discours de la peur et censure : les outils de la gouvernementalité post-covid.

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Le Covid, maladie virale que l’on a décidé de ne pas traiter par des antiviraux habituels mais de laisser s’installer tranquillement avant d’aller à l’hôpital, au moment où les surinfections allaient emporter le patient, a engendré une crise Covid aux multiples aspects : sanitaire et hospitalière, révélatrice d’un système en déliquescence, humaine et sociale en isolant les gens de leurs réseaux habituels, politique en divisant les citoyens en bons et mauvais : les bons qui allaient se faire vacciner, les mauvais qui étaient la cause des maux de toute la société.